dimanche 24 octobre 2010

Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe : histoires d’influences

Présentée depuis le 24 septembre dans le coquet et très classique hôtel d’Henry Parent qui abrite le Musée Jacquemart-André, l’exposition « Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle » offre un éclairage intéressant sur cette période artistique. Elle permet de circuler au milieu des riches échanges entre la peinture flamande et française, tout en offrant une vision assez claire du renversement des courants artistiques de cette époque, l’art flamand cédant au cours du siècle à l’art classique français.
L’exposition se présente comme un dépassement de la fameuse querelle du coloris de la fin du Grand Siècle, opposant le baroque (où prédomine la couleur) au classique (privilégiant le dessin), pour montrer comment les deux courants s’influencèrent réciproquement. Au cœur de cette dispute (bien malgré eux puisqu’elle se déchaîne après leur mort) les deux phares de l’exposition : Poussin et Rubens.
Cependant, pour admirer les maîtres et accéder aux salles, en ce dimanche d’octobre, il faut d’abord patienter (malgré la réservation) vingt bonnes minutes. L’omniprésence des audioguides (gratuits, tout comme le vestiaire) rend la visite un peu laborieuse. On n’a pas l’habitude de voir les visiteurs s’attarder aussi longtemps devant les tableaux, d’autant que les salles sont assez exiguës. Mais le parcours, agencé chronologiquement, est assez didactique et rapproche les deux courants. La disposition des tableaux (même si l’on regrette certains éclairages trop directs) et leur association sont très parlantes.

On peut de la sorte suivre l’évolution de la prépondérance de l’école flamande au début du XVIIe siècle, principalement avec Rubens, et, grâce à la confrontation d’œuvres, constater son influence sur les peintres français. C'est ainsi que Philippe de Champaigne est mis en regard de Jacques Fouquières, ou les Frères Le Nain comparés à David II Téniers. Puis, l’on assiste à l’affirmation progressive de l’art classique français représenté  notamment par de très belles peintures de La Hyre, Le Sueur, Patel l’Ancien, Le Brun, Le Lorrain  et, bien sûr, Poussin. La visite se conclut par les artistes flamands « convertis » au classicisme comme Flemal ou Lairesse, marquant ainsi l’inversion des influences.
Il est amusant de noter que le renversement des courants artistiques et la domination de l’art classique français à la fin du XVIIe mis en avant par l’exposition vont à l’encontre du dénouement de la querelle du coloris qui vit la victoire des rubénistes et dont le principal défenseur (Roger de Piles) fut reçu en 1699 à l’Académie royale de peinture et sculpture, au poste de conseiller honoraire.
En guise d'épilogue à ce plaisant voyage à travers la peinture du XVIIe, on peut prendre un café dans le ravissant salon de thé du musée sous un plafond de Tiepolo.

GV

Images : affiche de l'exposition (source ici), L'arrivée de saint Jean de Matha et de saint Félix de Valois à Paris par Theodoor van Thulden, vers 1632 (source ici).

Voir le site, très bien fait, de l’exposition : http://www.culturespaces-minisite.com/rubens-poussin/index.html
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2 commentaires:

  1. Ça donne envie d'y faire un tour. Manque juste l'indication du prix.
    Quant à la "fameuse" querelle du coloris, j'en prends bonne note !

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  2. @jude, le ticket d'entrée est à 12 euros (c'est assez cher) et l'exposition dure jusqu'au 24 janvier.
    Mais pas besoin de ticket pour le salon de thé, il suffit de contourner la file d'attente par la droite...

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