Présentée
depuis le 24 septembre dans le coquet et très classique hôtel d’Henry Parent
qui abrite le Musée
Jacquemart-André, l’exposition
« Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle » offre un éclairage intéressant sur cette période
artistique. Elle permet de circuler au
milieu des riches échanges entre la peinture flamande et française, tout en
offrant une vision assez claire du renversement des courants artistiques de
cette époque, l’art flamand cédant au cours du siècle à l’art classique
français.
L’exposition
se présente comme un dépassement de la fameuse querelle du coloris de la fin du Grand Siècle, opposant le baroque (où prédomine la couleur) au classique (privilégiant le dessin), pour montrer comment les
deux courants s’influencèrent réciproquement. Au cœur de cette dispute (bien
malgré eux puisqu’elle se déchaîne après leur mort) les deux phares de
l’exposition : Poussin et Rubens.
Cependant,
pour admirer les maîtres et accéder aux salles, en ce dimanche d’octobre, il
faut d’abord patienter (malgré la réservation) vingt bonnes minutes.
L’omniprésence des audioguides (gratuits, tout comme le vestiaire) rend la
visite un peu laborieuse. On n’a pas l’habitude de voir les visiteurs s’attarder
aussi longtemps devant les tableaux, d’autant que les salles sont assez
exiguës. Mais le parcours, agencé chronologiquement, est assez didactique et
rapproche les deux courants. La disposition des tableaux (même si l’on regrette
certains éclairages trop directs) et leur association sont très parlantes.
On
peut de la sorte suivre l’évolution de la prépondérance de l’école flamande au
début du XVIIe siècle, principalement avec Rubens, et, grâce à la confrontation
d’œuvres, constater son influence sur les peintres français. C'est ainsi que Philippe
de Champaigne est mis en regard de Jacques Fouquières,
ou les Frères Le Nain comparés
à David II Téniers.
Puis, l’on assiste à l’affirmation progressive de l’art classique français
représenté notamment par de très
belles peintures de La Hyre, Le
Sueur, Patel l’Ancien, Le Brun,
Le Lorrain et, bien sûr, Poussin. La visite se conclut par les
artistes flamands « convertis » au classicisme comme Flemal ou Lairesse, marquant ainsi l’inversion des influences.
Il est amusant de noter que le renversement des courants
artistiques et la domination de l’art classique français à la fin du XVIIe
mis en avant par l’exposition vont à l’encontre du dénouement de la querelle du
coloris qui vit la victoire des
rubénistes et dont le principal
défenseur (Roger de Piles) fut reçu en 1699 à l’Académie royale de peinture
et sculpture, au poste de conseiller honoraire.
En guise d'épilogue
à ce plaisant voyage à travers la peinture du XVIIe, on peut prendre un café
dans le ravissant salon de thé du musée sous un plafond de Tiepolo.
GV
Images : affiche de l'exposition (source ici), L'arrivée de saint Jean de Matha et de saint Félix de Valois à Paris par Theodoor van Thulden, vers 1632 (source ici).
Voir le
site, très bien fait, de l’exposition :
http://www.culturespaces-minisite.com/rubens-poussin/index.html
Ça donne envie d'y faire un tour. Manque juste l'indication du prix.
RépondreSupprimerQuant à la "fameuse" querelle du coloris, j'en prends bonne note !
@jude, le ticket d'entrée est à 12 euros (c'est assez cher) et l'exposition dure jusqu'au 24 janvier.
RépondreSupprimerMais pas besoin de ticket pour le salon de thé, il suffit de contourner la file d'attente par la droite...