Mise à jour du 29 octobre 2010
La sortie du film Vénus noire d'Abdellatif Kechiche a provoqué un regain d'affluence sur cette page. La nature des commentaires laissés montre que la plupart des visiteurs lisent malheureusement en diagonale. En effet, est-il besoin de préciser que cet article est ironique ?
Il est donc demandé à ceux qui voudraient commenter cet article de peser leurs mots avant de parler de "honte". Le lecteur vigilant notera par ailleurs que cet article fait partie de notre rubrique des Pin-up du mois qui entend donner chaque mois la courte biographie d'une femme dont la beauté a marqué l'histoire.
Née en Afrique du Sud, aux alentours de 1789, issue d'une famille d'éleveurs Khoïkhoï (surnommés Hottentots, c'est-à-dire bègues, par les colons Afrikaners), Saartje Baartmann a connu une certaine notoriété dans les premières années du XIXe siècle, avant de mourir misérablement à Paris en 1815. Exposée dans les foires aux monstres de son vivant, elle eut le douteux honneur de poursuivre sa carrière après sa mort, en étant exposée (en plusieurs morceaux) dans une vitrine du Musée de l'Homme, avant d'être finalement enterrée selon d'obscurs rites tribaux, après son retour au pays natal.
Fille d'un berger
khoikhoi et d'une mère buchimane, semble-t-il (il n'existe aucun document
fiable), elle devint orpheline dès sa petite enfance et se retrouva dans un
"kraal" voisinant la ferme du fermier boer Peter Caesar, non loin du
Cap. L'histoire veut également qu'elle ait eu un fils d'un jeune Bochiman,
enfant mort peu après la naissance.
En 1807, elle quitta
le kraal de Peter Caesar pour celui du frère de ce dernier Hendryck Caesar. Ce
dernier recevait alors la visite d'un hôte anglais, le chirurgien de marine,
Alexander Dunlop, qui selon les qualités propres aux Anglo-saxons alliait à la
fois curiosité et esprit d'entreprise. Aussi put-il persuader sans difficulté
Hendryck Caesar de s'embarquer pour la verte Angleterre avec sa protégée afin
de monter une entreprise d'exhibition de la jeune "Ssehoura".
Il faut préciser à ce
stade du récit que la jeune femme montrait certaines caractéristiques
physiques proprement étonnantes pour des Européens : en effet sa petite
taille (1m 39) comme la finesse de son buste et la gracilité de son visage
contrastaient avec ses hanches généreuses, ses fesses aux proportions aussi
démesurées que voluptueuses et un "tablier génital" particulièrement
allongé.
Las, arrivée en
Angleterre en 1810, Ssehoura, chrétiennement baptisée Saartjie (petite Sarah)
Baartman, avec dispense spéciale de l'évêque de Chester, ne suscita pas
l'engouement escompté dans les milieux du spectacle… Heureusement, Hendrick Ceasar (traîtreusement abandonné par Dunlop qui lui avait revendu ses
parts) sut faire montre d'initiative et organisa lui-même l'exhibition de
Saartjie. Après quelques annonces publicitaires dans la presse londonienne, sa
"Vénus hottentote", parvint à faire affluer des foules de curieux qui
dix heures par jour se pressaient autour de cette "belle négresse" en tenue
traditionnelle et à l'intéressant enbompoint. Les amateurs ne se privaient pas
parait-il de pincer ou piquer la croupe de Saartje.
Le succès fut tel,
que quelques sociétés morales s'en émurent (après tout l'esclavage avait été
aboli depuis 1807) et diligentèrent une enquête. Interrogée par deux greffiers parlant le bas-néerlandais, Saartje Baartman déclara s'exhiber de sa propre
volonté et loua encore Hendrick Caesar de sa prévenance. Ce dernier, choisit
cependant de s'éloigner quelques temps de la capitale et lui fit commencer une
tournée d'exhibition et de prostitution de plusieurs années en Angleterre et
en Hollande.
On retrouve
finalement le duo dans le Paris de la première Restauration, mais pour peu de
temps seulement puisque Saartjie fut vendue à un certain Reau, ancien ci-devant
comte devenu dompteur d'animaux exotiques, près du Palais-Royal. Ce fut
d'ailleurs là qu'elle contracta une maladie pulmonaire qui devait l'emporter
en quelques mois. Sa mort, le 29 décembre 1815, devait être cependant
l'occasion de couvrir de gloire l'esprit scientifique français.
Elle avait déjà eu en effet, l'insigne honneur d'être réclamée en mars 1815, par le professeur
Etienne Geoffroy Saint-Hilaire qui entendait "profiter de la circonstance
offerte par la présence à Paris d'une femme bochimane pour donner avec plus de
précision qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, les caractères distinctifs de
cette race curieuse". La
consultation qui eut lieu dans un amphithéâtre bondé, fut des plus profitables
pour la recherche, puisque dans son rapport du 1er avril 1815, Saint-Hilaire
pouvait comparer avec profit le visage de Saartjie à celui des orangs-outangs et
ses fesses à celles des femelles des singes mandrills.
De son côté, le
zoologue Cuvier put prouver grâce à elle l'infériorité définitive de certaines
races, et peu de temps après son décès il entendit la disséquer. Ce fut lui qui
réalisa le moulage complet du corps et préleva squelette, cerveau et organes génitaux soigneusement conservés dans le formol. Le public parisien put
contempler ces restes jusqu'en 1974, date où le moulage et le squelette furent
retirés de la galerie d'anthropologie physique du Musée de l'Homme.
En
1994, l'Afrique du Sud, fraichement sortie de l'Appartheid, exigea la
restitution des restes, ce qui fut chose faite en 2002, après une héroïque
défense de la communauté scientifique française qui ne céda que par une loi
scélérate spécialement votée pour l'occasion.
Bruno FORESTIER
Pin-up ? Ou monstre ?
RépondreSupprimerLa question est posée.
Monstre pour les Européens sans doute, mais peut-être pas pour les Hottentots. Et puis, en dépit de l'avis de disséquateur, il semblerait qu'elle ait eu un assez joli visage.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec BBC. Une pin-up n'incarne pas forcément une beauté européenne. En l'occurrence, il s'agit d'autres canons de beauté et c'est pourquoi la Vénus hottentote a toute sa place ici
RépondreSupprimerUn + pour les Septembriseurs dont la capacité d'investigation nous fait découvrir de nouveaux horizons.
RépondreSupprimerMais au fait, qui sont les "buchimanes" ?
Bonne continuation !
Bochiman ou Bushmen est le nom que les colons européens donnaient aux San, l'ethnie la plus ancienne d'Afrique australe, et vivant essentiellement à la manière des chasseurs-cueilleurs. Ils ont été repoussés de leurs terres par les immigrants bantous, boers et anglais au cours des siècles, et aujourd'hui les États africains de la région s'efforcent de les sédentariser.
RépondreSupprimerMerci pour cette utile précision ! Comme quoi, on en apprend vraiment tous les jours.
RépondreSupprimerQuelle honte et cruauté pour l'Europe
RépondreSupprimerle charme et la beauté de la femme africaine c'est sont ses formes.
RépondreSupprimerc'est DEGUELASSE !!! c'était un etre humain !!! Je suis choquée !!! Ces meme etres humains qui jusqu'en 1974 sont aller voir ces restes au Musée Honte sur vous !!!
RépondreSupprimerDu même avis qu'Anonyme , je ne pouvais imaginer à quel point les hommes pouvaient se comporter comme des porcs et à toutes les époques . Je suis consternée que l'on se soit permis de ne pas respecter ses volontés . Mais de quel poison l'homme est atteint pour arriver à un tel niveau de cruauté et de bêtise c'est complètement abjecte .
RépondreSupprimerce n'est qu'une goutte de l'océan des atrocités raciales des chrétiens.Des millions de venus africaines ont été massacrés ou bien jetés dans l'atlantique et des millions de vénus indiens d'amerique ont subit le même sort.
RépondreSupprimerC'EST DU CHRISTIANISME PURE ET DURE.
C'est du catholicisme et non du christianisme. C'est au nom de l'Egliese catholique. Ne pas confondre. Faut pas mettre tous les chretiens dans le meme sac.
RépondreSupprimerPour autant l'esclavage n'est pas propre aux catholicisme.
Je suis musulmane et je peux te dire que ca existe dans l'Islam et ca a existe dans le judaisme.
Faut pas toujours casser les chretiens.
déjà à l 'époque où elle était exhibée des gens se sont révoltés et il y a eu un procès...
RépondreSupprimerpar contre Cuvier grand scientifique s'est comporté comme un vulgaire montreur...
c'est la république ATHÉE qui a fait ca! arrêtez cet obscurantisme antireligieux!
RépondreSupprimerQue l'on soit religieux ou pas là n'est pas la question , ce qui m'insupporte c'est la cruauté et la cupidité des humains aggravée par une phénomène de groupe n'arrive plus à maîtriser ces dérives obscènes . Cela me rappelle le film Salo de Pasolini , l'abjection dans toute sa splendeur ! réduire l'humain à l'état de néant !
RépondreSupprimerCassandre le 28/10/2010
Je suis catholique, car ma famille l'a toujours été je suppose, je suis française, blanche et je suis révoltée mais même pas étonnée de tant de cruauté de vulgarité et de bêtise. Arrêtons les veilles querelles qui font tourner en rond. l Inhumanité se retrouve malheureusement partout, sur tout les continents et dans tous les peuples.
RépondreSupprimerLuttons contre ces attitudes néfastes tout les jours a notre petit niveau, avec nos voisins, nos amis,nos enfants, des inconnus et peu être qu'un jour l'humain sera vraiment humain.
Cette page est une honte et infiniment pitoyable. Elle cautionne les théories racistes qui sont, hélas, encore d'actualité.
RépondreSupprimerje suis complètement consterné par ce sujet que je viens de lire. je crois que je resterai encore plus marqué par de telles attitudes inqualifiables et innommables vu que aujourd'hui même j'ai subi jusque chez moi une attitude qui tend à me prendre pour un être inférieur par rapport aux blancs. Dommage que je ne suis pas quelqu'un qui réagit au quart de tour et que ce n'est qu'après que je repense à tous les mots que l'on m'a adressés que je me rend compte que j'aurais pu rétorqué d'une manière ou d'une autre. .
RépondreSupprimerJ'adore les commentaires imbéciles qui crient au racisme. Il faut être sacrément de mauvaise foi pour ne pas voir que le ton de l'article est ironique, voire vitriolesque. Dommage qu'il n'y ait pas plus de commentaires de ces décérébrés qui critiquent plus vite que leur ombre, nous ririons plus souvent.
RépondreSupprimerNous ririons si seulement nos yeux ne pleuraient pas des larmes de sang, écorchés qu'ils sont par les diverses fautes grammaticales et d'orthographes...
RépondreSupprimerAhla! comme il est dit dans nos contrées.
d'orthographe* d'ailleurs.
RépondreSupprimerMea culpa, mais il est tard.
Prions, mes frères, le dieu que nous nous choisirons (sauf celui de l'argent car là, il s'agit bien de se faire du flouz sur les fesses de cette pauvre "négresse" - le mot est d'époque - ) pour que cette pauvre femme, si belle, repose en Paix ! je viens de voir le film "venus noire" d'abdelraman Kechiche. Superbe et si triste ! Et... n'oublions pas que les premières représentations de la Divinité, adorée par les premiers humains sur la planète, était une déesse-mère aux formes de Saartjie Baartman ! Notre ancêtre à tous, quoi !
RépondreSupprimerQuant à la personne qui voulait en savoir plus sur les buchmen, il y a un film excellent "Les dieux sont tombés sur la tête" qui montre la sensibilité et l'intelligence de ce peuple attachant...