dimanche 18 octobre 2009

Vues de la Révolution

La Révolution, encore elle ! Jusqu’au 3 janvier 2010, le musée Carnavalet de Paris lui consacre une exposition. Étalée sur cinq petites salles, celle-ci a pour but de dévoiler les trésors cachés du musée qui rappelle détenir « la plus ancienne et la plus importante collection au monde » sur la période.
La visite est plutôt agréable et bien organisée par ordre chronologique, tout en laissant place à quelques « séquences thématiques » sur le rôle des femmes, la mode ou les grandes figures politiques. Contrairement à ce que l’on pourrait penser de ces « trésors cachés », il s’agit très majoritairement de dessins, gravures ou peintures et les objets d’époque restent relativement rares ; on peut cependant admirer un fusil de « vainqueur de la Bastille » et le diplôme allant avec, les habits du Dauphin Louis XVII, plusieurs piques de sans-culottes et, détail très curieux, une chaussure de la reine Marie-Antoinette arrachée au pied de celle-ci lors de la journée du 10 août 1792 ! En revanche, on est donc étonné de ne pas trouver un plus grand nombre de ces reliques insolites comme par exemple la fameuse Bastille de Palloy que le musée a préféré laisser dans ses salles traditionnelles (réplique miniature réalisée en série à partir des pierres de la forteresse et vendue à profit par ce petit génie surnommé étrangement le Patriote)… De même, la petitesse des lieux s’accommodant mal avec l’immensité du sujet, il faut se contenter des deux cents pièces exposées (sur un catalogue initial de 25 000 œuvres) et chaque événement révolutionnaire (10 août, 21 janvier, 2 juin, etc.) n’a dès lors droit qu’à une ou deux représentations. Les Septembriseurs qui nous sont chers n’apparaissent ainsi que sur une unique gravure illustrant le massacre des prisonniers enfermés à la prison de l’Abbaye. On sait pourtant que ces événements furent autrement complexes, et, nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir dans un plus vaste article…

Saluons en tout cas l’inhabituelle honnêteté des présentations historiques qui jalonnent l’exposition. À l’heure où Robespierre est chassé de Paris, il est en effet louable de lire que les Montagnards ne sont pas les bêtes assoiffées de sang que le public se plaît à imaginer, et que les Girondins, si brillants qu’ils fussent, ne sont pas plus les martyrs d’une révolution qu’ils n’avaient que trop trahie.
Un petit tour (gratuit) par les salles du musée permet de compléter utilement cette intéressante visite. Il faut enfin regretter, d’un point de vue bassement mercantile, l’absence complète de cartes postales ou reproductions en affiches des superbes tableaux que donne à voir l’exposition (et l’on pense en particulier aux illustrations du calendrier révolutionnaire). Il y a là un marché en or que le citoyen Palloy n’aurait certainement pas délaissé de la sorte…

KLÉBER

La Révolution française, trésors cachés du musée Carnavalet, Hôtel Carnavalet, 23 rue de Sévigné, 75004 Paris, du mardi au dimanche de 10h à 18h (entre 2,5 et 5 euros).
Images : affiche de l'exposition (source ici) et drapeau révolutionnaire (source ici).
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2 commentaires:

  1. Une valeur sure que ce musée Carnavalet, on pourra y voir bientôt, en complément, une exposition sur les caricatures anglaises au temps de la Révolution.

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  2. Il me semble que c'est déjà le cas… Mais uniquement sous forme de livre.

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