samedi 31 octobre 2009

Pin-up du mois : Juliette Récamier

Juliette Récamier (1777-1849) sut sa vie durant entretenir à merveille son nom et son image dans la bonne société européenne. Égérie des peintres, sculpteurs et hommes de lettres, elle eut le bon goût de se lier sur la fin à Chateaubriand qui laissa d’elle quelques pages flatteuses contrebalançant fort à propos les jugements peu amènes de Benjamin Constant et de « Sainte-Bave ». À l’instar de son dernier amant, elle nous semble une figure bien oubliée aujourd’hui, malgré une récente et heureuse exposition à Lyon
Née de l'union  supposée d’un notaire lyonnais et de sa peu cruelle épouse, elle fut mariée à 15 ans au richissime banquier – et futur régent de la banque de France – Jacques Récamier, qui était en fait son très probable père naturel… Un moyen comme un autre pour transmettre son nom et sa fortune à sa fille. Celle-ci ignora longtemps l'identité réelle de son père-époux, qu'elle aima d'un amour dit-on chaste.

Les succès de la belle dans le « Moôonde » débutèrent alors que la Réaction triomphait après l’affreux drame du 9 Thermidor. La bourgeoisie française qui avait manifestement épuisé sa part de vertu sous la Terreur, entendait alors jouir de ses succès. C’est le moment où les « Merveilleuses », règnent sur les Salons corrompus du Directoire où se côtoient pêle-mêle banquiers, agioteurs, généraux conspirateurs, Jacobins renégats et royalistes fraîchement rentrés de l'émigration. Quelques artistes et hommes de lettres aussi. Parmi eux, les peintres David et Gérard qui la représenteront dans une pose lascive à souhait en tenue néo-classique : la fameuse toilette « à l’antique » qui « dévoile sans dénuder », des seins menus mais fermes et des bras blancs et graciles, le tout surmonté d’un délicieux visage de patricienne romaine de la décadence. Hum…
Notons, que la belle garda – on ne sait trop pourquoi – une surprenante réputation de chasteté tout le long de sa vie, peut-être due au nombre élevé d’admirateurs qui rampèrent en vain pour obtenir ses faveurs. Un destin cruel mais juste la fit finalement périr à Paris du choléra à l’âge respectable de 71 ans.

Bruno FORESTIER

Images : Juliette Récamier par Gérard, 1805 (source ici) et par David, 1800 (source ici).
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5 commentaires:

  1. La belle gosse que voilà....!

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  2. "Des seins menus mais fermes" ! M. Forestier vous faites vous aussi dans la poésie à la Hubert Bonisseur de la Bath !

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  3. "Un destin cruel mais juste", en quoi la Récamier méritait-elle la mort ? Seriez-vous un ennemi des femmes frivoles (ce que n'était d'ailleurs pas Récamier si j'en crois votre article) ?

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  4. "Un destin cruel mais juste". Bruno n'y croit pas un instant, à la réputation de chasteté de la belle, mais il faudrait des preuves... A moins que ce ne soit l'inceste qui l'incommode ?

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  5. @ Paul:
    Je dirais plutôt que M. de la Bath comme moi-même avons des références poétiques communes. Lyrisme et galanterie sont les deux mamelles de la France éternelle.

    @ Anonyme et Gg :
    Messieurs.
    Je constate que "Ce cruel mais juste" ne passe pas. J'en suis sincèrement contrit. Mais je dois vous demander de prendre en considération le contexte. Nous sommes dans un article intitulé "Pin-up du mois", censé décrire la vie d'une femme galante en un minimum de lignes.
    Le but réel est bien sûr de se rincer l'oeil et de s'exercer au commentaire morphologique, mais la haute tenue à laquelle prétend ce blog interdit de présenter les choses aussi crûment dans l'article. On doit donc placer de ci de là quelques assertions définitives qui permettront aux candides lecteurs de penser que l'article à une fonction autre que l'exciter à la lubricité (bravo à Vernet qui lui n'a pas été abusé un instant).
    Nonobstant cette petite remise au point, je pense en effet que la malheureuse Mme de Récamier, si elle ne méritait pas plus particulièrement la mort que d'autres, déméritait totalement quand à la réputation de chasteté qui l'entourait (sauf peut-être par contraste avec le milieu encore plus corrompu des Salons du directoire ? ).
    Pour finir, l'inceste ne m'incommode pas, tant qu'il se déroule entre gens biens élevés. (Pharaons, banquiers…)

    Bruno Forestier.

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