Dino Buzzati, célèbre auteur italien connu principalement pour Le
Désert des Tartares, nous livre
dans Le K, publié en 1966,
une série de courtes nouvelles. Il y aborde, entre autres, les thèmes de la
création littéraire, de la mort, du temps qui passe, évitant les poncifs, et ne
se déparant jamais d’un humour discret, souvent proche de l’absurde. Sa mise en
scène au théâtre du Petit Hébertot
est habilement faite autour d’un K qui sert de décor, étant tour à tour, une
table, un banc, un pont, un lit, un fauteuil... Ces histoires sans
prétention sont pleines de surprises, de retournements et de chutes
inattendues, et ainsi ne cèdent jamais à la morale facile qu’on redoute tant
dans les fables modernes. Grégori Baquet, seul en scène, livre une très bonne prestation, à la fois touchante et
drôle ; son jeu, très juste, rend grâce à la finesse et à la fraîcheur de
l’écriture de Buzzati, c’est à voir.
Après
l’incendie, de Xavier
Jaillard, nous transporte dans la
Rome décadente de Néron, en 64. Saul, futur Saint Paul, est emprisonné, accusé d’avoir provoqué le
désastre. Sénèque, précepteur de
Néron et important conseiller, complote contre son ancien élève et va
rencontrer Saul dans sa prison.
Sous ce prétexte
historique, la pièce, au fil des rencontres, se veut le lieu d’un échange
philosophique entre les deux grands penseurs. Ici commencent les difficultés,
parce que de philosophie, on n’en trouve pas dans cette pièce ou alors de
manière très scolaire. Ainsi, une obscure volonté didactique rend les échanges
de deux protagonistes absolument indigestes. Le spectateur est accablé de
définitions : catharsis, fatum... qui coupent l’élan d’un dialogue qui a
déjà bien du mal à décoller. C’est une leçon de philosophie pour collégiens,
saupoudrée d’intrigue historique. Les deux charismatiques acteurs Préjean et Jaillard, malgré quelques trébuchements, n'en
restent pas moins remarquables.
Une
pièce un peu ennuyeuse donc, au texte souvent désarmant de banalité, et l’on
regrette que l’auteur, Jaillard, ne soit pas resté uniquement l’immense
comédien que l’on sait.
GV
Le K de Dino Buzzati avec Grégori Baquet dans une mise en
scène de Xavier Jaillard et Après l’incendie de Xavier Jaillard avec Patrick Préjean et Xavier
Jaillard dans une mise en scène de Xavier Lemaire, théâtre du Petit Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris.
Tout cela est bel et bon, mais M. GV qui se pique de donner des leçons de philosophie aux collégiens serait bien inspiré de ne pas de faire de même pour l'histoire. Où donc a-t-il appris que la Rome de Néron était "décadente" ?
RépondreSupprimerC'est peut-être un avis personnel et non pas historique. M. GV voudrait dire par là que Rome était déjà décadente à cette époque, en particulier à cause du fou qu'elle avait à sa tête…
RépondreSupprimer@ JC
RépondreSupprimerCertes, le rôle d'un critique (quel que soit le domaine) est de donner son avis personnel sur telle ou telle oeuvre. Cpdt, il se doit de le justifier par des arguments rationnels, sans quoi son jugement n'aurait aucune valeur. M. GV n'a pas aimé la pièce. C'est son droit le plus strict. Il se plaint de leçons de philosophie indigestes. Pourquoi pas ? Mais en nous offrant un des plus beaux poncifs de l'historiographie du XIXè siècle dès la première ligne, notre critique jette le doute sur ses capacités à saisir les leçons de philosophies généreusement dispensées dans la pièce et partant sur toute son argumentation. (Voir même tous les articles qu'il a écrit sur ce blaugue)
Plus qu'un crime, c'est une faute de goût !
À quoi reconnaît-on un pédant ?
RépondreSupprimerIl trépigne de montrer sa science au monde, quitte à provoquer d’inutiles querelles.
Donc, M. Anonyme veut nous faire partager l’étendue de son savoir sur les « poncifs de l'historiographie du XIXè siècle ».
Tout à son impatience d’en découdre, M. Anonyme en oublie de bien lire...
Car, les premières lignes de mon article ne sont pas d’analyse, mais de présentation de la pièce. Ce ne sont donc ni un avis personnel, ni une leçon d’histoire, que je prétends délivrer, mais une expression de ce que la pièce donne à voir aux spectateurs. D’ailleurs et sans rentrer dans les détails, je parle dans la suite de l’article de « prétexte historique ».
Alors, M. Anonyme avant de vous précipiter pour remettre en cause mon argumentation et mes articles, veuillez les lire attentivement !
Ps: je vous propose de nous écrire deux articles le premier sur la Rome au temps de Néron et le second sur l’historiographie du XIXè. Le comité de lecture des Septembriseurs les lira avec la plus grande bienveillance en vue d’une possible publication.
Pps: je remercie quand même M. Anonyme de redéfinir pour nous le rôle d’un critique : « le rôle d'un critique est de donner son avis personnel », nous n’attendions que lui pour en être sur !
Pour rentrer dans le débat proposé, et sans parler du caractère de l'empereur fou et sanguinaire.
RépondreSupprimerQuand on prend décadence au sens de régression sur le plan politique, le règne de Néron à partir de 62 n’est pas une grande réussite à Rome. La remise au goût du jour de la loi de majesté (et les nombreuses victimes qu’elle fit), la persécution des chrétiens, la multiplication des complots, la persécutions des sénateurs et des hommes influents (dont on confisquait les biens pour renflouer les caisses), ne sont pas des exemples d’un régime en bonne santé.
L’idée d’un Néron prodigue avec la plèbe et offrant régulièrement des jeux n’est pas non plus sans avoir eu des conséquences sur l’impression de décadence morale de Rome. Cependant, il est vrai que l’empire n’a pas été affecté par le règne de Néron qui a fait par ailleurs évoluer l’art de son temps.
A ce propos, on peut lire le hors série l'histoire sur Rome au temps de Néron.
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