Depuis les récents et
fâcheux événements qui ont
opposé en Méditerranée au début du mois des partisans de la cause palestinienne
et l’armée israélienne, la campagne de boycott culturel "BDS"
(Boycott, Désinvestissement, Sanctions), initiée depuis quelques années, a
repris une certaine ampleur.
On peut rappeler que,
le 9 juillet 2005, les institutions culturelles et commerciales palestiniennes,
suivies par de nombreuses ONG et autres organisations de la "société
civile" avaient lancé une campagne internationale de boycott des produits
de consommation israéliens, doublée d’un boycott "culturel"
concernant les universités, les arts et les sports israéliens.
Cette initiative s’inspirait
du boycott mythifié du régime blanc en Afrique du Sud pendant l’apartheid et n’a évidemment produit, jusqu’à aujourd’hui,
aucun effet réel sur l’économie israélienne. Elle continue cependant de
susciter des remous dans le petit monde de la culture comme le prouvent les déclarations du
romancier suédois Henning Mankell
("Je pense que nous devrions tous nous appuyer sur l’expérience de l’Afrique
du Sud, pour laquelle nous savons que les sanctions ont eu un fort impact. Il a
fallu du temps, mais ils l’ont eu, cet impact") ou le nouvel appel du
romancier britannique Iain Banks
dans le Guardian.
La France, riche d’une
longue histoire de pantalonnades de ces artistes et intellectuels "engagés",
ne pouvait certes pas échapper à cette tempête dans un verre d’eau.
Dernière en date, la déprogrammation/reprogrammation du film À 5 heures de Paris de Léon Prudovsky par la chaîne de cinéma d’Art et d’Essai Utopia, suivie par les appels au contre-boycott de cinéastes allemands, les lettres de protestations du maire de Paris ou du ministre de la Culture, illustre à merveille à quel point les conflits politiques, une fois passés dans le petit monde culturel, deviennent fantasmagoriques.
Dernière en date, la déprogrammation/reprogrammation du film À 5 heures de Paris de Léon Prudovsky par la chaîne de cinéma d’Art et d’Essai Utopia, suivie par les appels au contre-boycott de cinéastes allemands, les lettres de protestations du maire de Paris ou du ministre de la Culture, illustre à merveille à quel point les conflits politiques, une fois passés dans le petit monde culturel, deviennent fantasmagoriques.
Certes, ces prises de
position plus ou moins sympathiques et ridicules des intellectuels et artistes
n’ont rien de bien neuf, mais on peut tout de même être frappé par la
confusion, voire même l’embarras, qui apparaît chez nombre de ces militants
culturels. Ainsi, l’annulation récente des concerts de certaines formations
musicales comme les Pixies ou
Carlos Santana n’a donné lieu qu’à
d’évasives, et presque honteuses, justifications. Ce n’est assurément pas le
cas de tous, mais même Ken Loach,
réalisateur "marxiste" (?) très engagé, et farouche partisan du
boycott culturel tutoie la tartuferie pure et simple, puisque ses œuvres sont
diffusées en Israël – et certes, il n’y peut puisque comme la plupart des
artistes actuels, il n’est absolument pas maître des suites de son travail.
En attendant les
improbables effets de ce boycott culturel, on pourra toujours se consoler en
allant regarder les récentes productions du cinéma israélo-palestinien, qui s’est
illustré ces dernières années par un rare dynamisme et une fine et féroce
critique des errements du conflit proche-oriental.
Bruno
FORESTIER
"voire même ", vraiment ?
RépondreSupprimerPar ailleurs, malgré l'intéressant tour d'horizon proposé, vous ne semblez pas juger le boycott lui-même. C'est pourtant un des grands intérêts de ce blog, de donner des avis souvent très tranchés mais assez fortement étayés pour rester à peu près objectif.
À titre personnel, je considère jusqu'à l'idée-même de boycott absolument ridicule en la circonstance.
Le boycott culturel est à peu près tout le temps un échec. Mais cela donne bonne conscience à certains...
RépondreSupprimerJe ne comprends pas très bien cette histoire de déprogrammation / reprogrammation et de contre-boycott. On en arrive où à la fin ?
RépondreSupprimer