À ceux qui aiment les vues
pittoresques, on conseillera un détour par la Galerie des bibliothèques de la ville de Paris où jusqu’à la fin du mois se tient l’exposition Paris
inondé 1910. Comme l’on sait, il y a un
siècle, en janvier 1910, la Seine sortait de son lit et submergeait une bonne
partie de la capitale à la grande surprise des Parisiens émerveillés.
Contrairement à ce que l’on
pourrait penser, l’exposition ne vaut pas tellement pour ses classiques
photographies de Paris inondé mais plutôt pour les belles affiches d’époque ou
certains clichés amusants : l’arrivée au Palais Bourbon d’une horde de députés en barque (rien ne les
arrête, ces messieurs siègent par tous les temps), la visite présidentielle des
quartiers sinistrés (toujours en barque), un homme portant sur son dos une
vieille ganache d’académicien pressée de rejoindre la Coupole, etc. L’anarchie provoquée par l’inondation n’est
pas sans intérêt non plus comme le montre une très belle affiche du
syndicat des boulangers annonçant une nécessaire mise au point après les
calomnies dont la profession a fait les frais, accusée d’augmenter ses prix sur
le dos des sinistrés. Bref, malgré l’étrange pénombre dans laquelle on a cru
habile de plonger les visiteurs, il y a beaucoup de choses à voir dans cette
courte exposition, sans compter d’instructifs éclaircissements sur les dégâts,
leur coût et les conséquences politiques ainsi qu’une floppée d’extraits des
correspondance ou journaux d’Apollinaire, Proust, Jules
Renard… Remarquons que ces derniers, en
dépit de tous leurs talents, n’arrivent pas à la hauteur de la légendaire
formule dont le président Mac Mahon
gratifia Toulouse inondée
(1875), citation qui en la matière reste inégalée à ce jour : « Que
d’eau ! Que d’eau ! ».
KLÉBER
Paris inondé 1910, jusqu’au 28 mars à la Galerie des bibliothèques, du
mardi au dimanche de 13h à 19h, 22 rue Malher, 75004 Paris. Tarif : 2 à 4
euros.
Images : un porteur rue Bonaparte et de courageux députés à l’abordage du Palais Bourbon
(source ici, site sur lequel on peut voir un grand choix de photos de l'exposition).
Très intéressant et d'actualité si j'ose dire. J'irai y jeter un oeil prochainement.
RépondreSupprimerCeci-dit, je suis un peu surpris par cette défense des boulangers parisiens. La corporation est connue (depuis au moins la Révolution française), comme la pire association de canailles accapareuses existante en France.
Mais je ne te le fais pas dire mon cher Bruno !
RépondreSupprimerSi tu relis mes propos, je ne défends pas ce syndicat patronal, je me borne à expliquer sa démarche et je loue son affiche qui, réellement, est un modèle. On peut la lire sur le site mis en lien en bas de l'article.
Mac Mahon l'a joué un peu facile, il avait un bon entraînement question formules.
RépondreSupprimerSi les deux plus amusantes images sont déjà sur ce blog, y a-t-il encore un intérêt à aller voir cette exposition ?
@ Anonyme 19:57
RépondreSupprimerOui, il y a un intérêt ! D'ailleurs, l'image de l'académicien transporté n'est pas celle que l'on peut voir ci-dessus.
Très bonnes illustrations !!
RépondreSupprimerLa seine en ce moment bouge beaucoup, peut être verrons nous des députés en barque ?
Mais depuis la mise en place du lac de la forêt d'Orient (conséquence de l'inondation de 1910), il n'y a plus d'inondation, même si régulièrement on nous fait rêver avec la crue centennale.
On peut aussi signaler quelques belles cartes de Paris inondé à voir dans cette exposition, et notamment la comparaison avec les précédentes crues (en particulier au 17e siècle). Celle de 1910 reste le record, avec 8,62 mètres.
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