Le dernier
film de Martin Scorsese, encensé par une certaine critique, ne cesse d’être battu en brèche ces derniers jours. On lui reproche notamment de manquer de dynamisme,
le comble pour un thriller. Les délateurs de Shutter Island semblent néanmoins
confondre thriller et film d’action de bas étage. En effet, outre que l’action
est assez haletante — du moins pour votre humble servante — entre l’ouragan,
l’escalade de la falaise, l’agression du fou, les rats etc., le personnel
hospitalier, rudement bien campé, en particulier par Ben Kingsley, crée une
atmosphère des plus angoissantes (et que demander de plus à ce genre de
film ?). Enfin, faut-il forcément crier au scandale lorsqu’un film se
psychologise un tantinet ? Voilà, parce que Shutter Island, c’est plus
qu’un bête film d’action, c’est aussi un drame, ou plutôt une
tragédie, psychologique. Quant à la fin, elle est surprenante, c’est
vrai : tant mieux. Et tragique : encore mieux. D’autant que bien des
interprétations restent possibles, ce qui change agréablement de la baston où
les tout méchants sont tués par les tout gentils.
S’il est un reproche que l’on
peut faire objectivement, c’est de n’avoir pas lésiné sur la musique
d’ambiance, et ce avant même que les premières images n’apparaissent à
l’écran. Pour autant, cette critique s’estompe rapidement, car on pénètre très
vite dans l’intériorité du héros, Teddy Daniels, et le rythme fracassant de la musique
correspond tout à fait à l’enfermement psychologique progressif qu’il subit…
Enfin, un
dernier mot en faveur de ce grand film : Leonardo Di Caprio y est
brillant, loin des clichés dus à ses personnages précédents de jeune premier.
LOULOTTE
Image : le psychiatre en chef de Shutter Island (Ben Kingsley), le Marshal Chuck Aule (Mark Ruffalo) et le Marshal Teddy Daniels (Leonardo Di Caprio) (source allociné).
Entièrement d'accord, Shutter Island est un grand film qui change des habituels thrillers.
RépondreSupprimerMa réserve porte plus sur la mise en scène des rêves qui est parfois un peu kitsch, plutôt que sur la musique qui convient parfaitement au film.
Il semble que ce soit un bon film même si , comme il arrive souvent, la bande annonce et les commentaires nous laissent peu de surprise quand au retournement promis, sachant qu'il se déroule dans un hôpital psychiatrique, on s'en doute : la folie guette.
RépondreSupprimer7 mars 2010 15:12
"la folie guette"
RépondreSupprimerOui et non, c'est justement tout l'intérêt de ce film.
@ Lucien Jude : c'est vrai que pour les rêves, Scorsese en fait parfois un peu too much. Néanmoins, et bien que ce ne soit sûrement pas l'effet prévu, cette petite note d'exagération, de "kitsch", provoque chez le spectateur une fausse détente, un petit sourire. Le choc n'en est que plus rude quand on revient à la "réalité".
RépondreSupprimer@ Anonyme 8 mars 2010 01:20 : le fait même de ne pas savoir où est la folie et où elle n'est pas rend cette dernière encore plus présente, il me semble. La folie guette en tout cas le spectateur qui cherche à tout comprendre...