dimanche 7 février 2010

Zelnik : un rapport de plus

Après les débats qui ont agité le monde des livres concernant Google, voici le rapport Zelnik. De quoi s’agit-il ? De plusieurs propositions visant à développer l’accessibilité de contenus culturels sur internet. Le rapport se divise en quatre parties : la musique, le livre, la vidéo (cinéma, audiovisuel) et le rôle des pouvoirs publics.
On sait que le gouvernement a cédé aux lobbys (l’industrie musicale et cinématographique) en votant la loi Hadopi qui, même si elle semble avoir son petit succès à l’étranger, est juridiquement difficilement applicable (voir le billet de Maître Éolas) et techniquement obsolète (voir le billet de Korben).
Voici donc le temps des comptes dans le domaine du disque. Après quelques nouvelles petites concessions (notamment la carte musique financée en partie par l’État) la critique pointe le bout de son nez et le rapport évoque un  "protectionnisme excessif de l'industrie musicale" ; ce n’est pas trop tôt !
En effet, c’est la rigidité dans la négociation des droits qui bloque la possibilité de développement de plates-formes légales. Tant au niveau de la vente que de l’écoute en ligne, l'harmonisation juridique semble très difficile. Ainsi, le rapport préconise des mesures de bon sens, par exemple la reprise pour le streaming musical des accords en vigueur dans la radio hertzienne. On repense à Napster, et l’on se demande ce que l’industrie du disque a fait pendant toutes ses années, si ce n’est fustiger le téléchargement illégal. Aucun projet global de diffusion ! Seul Itunes d’Apple s’est imposé dans la vente de musique en ligne, surtout grâce à ses lecteurs mp3.

Les efforts des sites de streaming musicaux pour proposer une offre de qualité sont salués par le rapport. Pourtant, l’avenir est plus qu’incertain dans ce domaine, les récentes rumeurs de fermeture du très populaire site Deezer ne donnant qu’un exemple parmi d’autres.
La question du livre est elle aussi intéressante. C’est un enjeu majeur, et avec l'arrivée des tablettes de lecture (dont celle d’Apple, à nouveau), on peut imaginer une révolution comparable à celle que provoqua le lecteur mp3 ; il est donc encore temps de s'y mettre. Le rapport propose la mise en place d'un prix unique du livre numérique fixé par l'éditeur comme c'est le cas actuellement pour le livre imprimé.
Enfin, les films et autres contenus audiovisuels. La question d’une redevance sur les films qui, bientôt, vont tomber dans le domaine public est posée ainsi que l’encouragement de la vidéo à la demande. Et l’on retrouve encore ce problème, au cœur de l’offre légale sur internet : l’accessibilité.
Dans les domaines de la musique, du livre et du film, proposer une offre comparable à celle des sites de partage illégaux va s’avérer très difficile. Ainsi, ces sites offrent la possibilité de télécharger n’importe quel contenu, gratuitement bien sûr, mais aussi avec une diversité sans pareil et une réactivité impressionnante (on peut faire la demande d’un film, il sera disponible dans l’heure). Comment les sites légaux avec leurs formulaires d’inscription qui n’en finissent pas, leurs restrictions (DRM), et l’éclatement du contenu, sans parler du prix, peuvent-ils imaginer concurrencer l’offre illégale ?
L’État prévoit donc de nombreuses aides financières à la culture (enfin à l’industrie du disque, du cinéma et à l’édition). Mais où trouver l’argent ? Chez les fournisseurs d’accès, dans un premier temps, puisqu’on les accuse de vendre leurs offres triple-play en s’appuyant sur un débit élevé donc sur le téléchargement illégal (notez le raccourci). Mais aussi chez Google, dont on pourrait taxer les revenus publicitaires. D'ailleurs, le rapport propose de vérifier en profondeur si Google n’est pas dans un abus de position dominante, et n'empêche pas l’émergence de nouveaux acteurs sur internet. Il s’agit comme pour la numérisation de s’attaquer à l’entreprise américaine, d’en faire un bouc-émissaire.
On reste sceptique devant tant de bonne volonté et on rit d’avance de la communication du gouvernement chargé de nous expliquer le téléchargement légal, tant les précédentes campagnes de publicité dénotaient de la défiance envers internet et ses dangers (sécurité des enfants et des adolescents).

GV

Images : le producteur Patrick Zelnik, auteur du rapport (source ici), montage plaisant (source ici), site deezer (source ici).
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9 commentaires:

  1. "restrictions (DRM)"
    C'est-à-dire ?!
    Encore un rapport pour rien si je comprends bien...

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  2. C'est un peu jargonnant pour moi, mais je trouve ça très intéressant, pour un blog qui se veut culturel, de faire des petits retours sur l'actualité culturelle, justement. J'applaudis l'initiative.

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  3. Qui est-ce sur la photo du haut ?

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  4. @ Anonyme : DRM, ce sont des logiciels que l’on trouve dans la musique, les films… achetés légalement et qui en contrôlent l’utilisation, bloquant la lecture sur certains supports (lecteur MP3 par exemple) ou même la copie privée sur un ordinateur.

    Le rapport est pas mal, il y a de bonnes idées (notamment sur le livre) et l’on sort un peu de la répression (mais ACTA guette), pas sûr hélas qu’il soit suivi d’effets.

    @ BBC : Merci et désolé pour le jargon geek.


    @ Élise : je crois que ce sont les cheveux de M. Zelnik.

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  5. "peuvent-ils imaginer concurrencer l’offre illégale ?"
    Vous mettez sur le même plan légal et illégal mais il n'y a pas de concurrence entre eux, il y a la loi. D'ailleurs, la "riposte graduée" est censée, dans un premier temps, faire un peu de ménage.

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  6. @ G V : les cheveux de M. Zelnik ? Quel rapport avec la choucroute ?
    Je déduis de toute façon que l'homme sous les cheveux est le propriétaire de ces derniers, donc qu'il s'agit de M. Zelnik... ?

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  7. En fait, ma question était de toute façon sans intérêt, je n'avais pas vu que c'était écrit en dessous de l'article. Mea culpa.

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  8. @ Anonyme : en effet, il y a la loi, mais le retard pris dans le développement des offres légales ne permet pas une alternative crédible aux sites de partage, quand bien même elles s’amélioreraient. Quant à la riposte graduée, elle n’est pas prête d’inquiéter...

    @ Élise : pas de problème, généralement on essaye de citer la nature et les sources de nos illustrations.

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  9. Rions un peu

    DVD légal vs DVD illégal :

    http://i.imgur.com/GxzeV.jpg

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