Dans la petite salle du théâtre
des Mathurins, à Paris, on peut assister
pour quelques semaines encore à une représentation assez rare. Il s’agit de
l’adaptation pour la scène du célèbre roman de Georges Bernanos (1888-1948), Journal d’un curé de
campagne, paru en
1936. Adapter Bernanos au théâtre ne paraît pas a priori la chose la plus aisée à faire, d’abord en raison de
la rigueur de son style, ensuite à cause du vieillissement de son œuvre.
L’auteur de cette adaptation, Maxime d’Aboville, n’a toutefois
pas eu ces scrupules et c’est lui qui, unique interprète, déroule ce journal
pendant plus d’une heure de représentation.
Dans un décor recréant la
sobriété (présumée) d’une chambre de curé, seul le jeu de lumière d’une
chandelle guide son texte et vient rythmer la pièce. Contrairement à d’autres
romans de Bernanos (Sous le soleil de Satan, Un crime), l’histoire du Journal
d’un curé de campagne n’a rien de
sensationnel au sens romanesque du mot. On assiste à la vie monotone d’un
jeune curé plein de zèle expédié au milieu de paroissiens méfiants, à ses
tourments spirituels et aux progrès de sa maladie. Par bien des côtés, ce récit
fait d’ailleurs songer à La confession du pasteur Burg dont nous avions déjà eu l’occasion de
parler. Comme dans le livre de Chessex,
c’est la langue qui fait l’un des attraits principaux de cette œuvre et il faut
reconnaître que Maxime d’Aboville parvient très justement à la transmettre,
avec même un léger accent d’époque dans ses intonations ! Mais au-delà de
la performance qu’exige une pareille interprétation et du très grand talent
dont fait preuve son auteur, saluons donc l’idée de cette adaptation qui, à nos
yeux, est le principal défi que relève brillamment la pièce.
Lucien JUDE
Journal d'un curé de campagne, théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins, Paris 8e. Du mardi au samedi à 21h. Prix : 28 euros, 14 euros pour les étudiants.
N'ayant pas lu Bernanos, je me demandais en quoi la rigueur du style peut être un obstacle dans son adaptation au théâtre ?
RépondreSupprimerIl faut entendre par là que son style ne se prête pas forcément à une mise en scène théâtrale en raison de son caractère très soutenu. Mais j'ai pu lire ailleurs que "Journal d'un curé de campagne" était "souvent mis en scène", ce qui m'étonne un peu. Je n'ai d'ailleurs trouvé aucune autre adaptation à part celle-ci…
RépondreSupprimerÇa a l'air un peu cher, mais j'essaierai certainement d'y aller, j'aime beaucoup Bernanos.
RépondreSupprimerJe me permets quand même de faire remarquer une faute d'orthographe au coeur de cet article : "n’a rien de sensationnelle". On écrit en réalité "sensationnel"...
Merci BBC, très bien vu, c'est rectifié !
RépondreSupprimerLe prix est en effet assez élevé, surtout pour une pièce qui ne dure pas très longtemps. Mais il y a des possibilités de réduction en prenant ses places sur internet. En tout cas, il y a foule !