Danseuse, actrice,
réalisatrice et photographe allemande, Leni Riefenstahl (1902-2003) fut renommée pour son oeuvre comme pour sa
beauté. Malgré ses attaches au classicisme sa réputation a été durablement
entachée par certaines prises de positions jugées par trop avant-gardistes dans
les années 30-40.
Sa naissance même est
obscure, certaines sources en faisant la fille d'un fonctionnaire féru de poésie et
d'autres d'un entrepreneur en plomberie. Il est au moins certain qu'elle entra
à la fin de la première guerre à la Kunstakademie de Berlin tout en suivant des cours de danse. Elle
participera d'ailleurs à diverses tournées en Allemagne et à l'étranger et sera
engagée entre autre par Max Reinhardt au Deutsches Theater de
Berlin.
En 1926, débute pour
elle une carrière d'actrice à succès de "films de montagne", un genre
grotesque, mais qui draine les spectateurs et lui donne l'occasion de s'adonner
au ski et à l'alpinisme.
En 1932, cette jeune
femme ambitieuse lance sa propre agence et co-réalise son premier film La
lumière bleue, une bluette
pleine de bons sentiments qui émouvra aux larmes le futur chancelier allemand,
le fameux peintre Adolf Hitler.
Celui-ci lors de son long mandat (1933-1945) initiera une politique
volontariste dans le domaine des arts - comme dans d'autres domaines plus
contestés - et fera de notre héroïne la cinéaste quasi-officielle du régime.
Elle réalisa alors quelques grands chefs d'oeuvres (Victoire de la Foi, Triomphe de la Volonté ou Les Dieux du Stade) qui lui vaudront foultitude de médailles et
récompenses allemandes et italiennes.
Il est intéressant de
constater que dès cette époque, la belle Léni, dans ses réalisations, fait
montre des préoccupations qui l'accompagneront pendant toute sa carrière : la
recherche de la beauté nue et totale, qu'elle dévoile pleinement dans les corps
dénudés et athlétiques, sculptés ou vivants. Un idéal esthétique qu'elle
représente elle-même à la perfection lorsqu'elle apparaît à l'écran : blonde et
belle jeune femme, au corps sportif, débordant d'énergie et rayonnant de santé,
elle incarne alors une beauté très classiciste, presque douloureuse, par
l'exacerbation même de ce caractère athlétique. Une impression accentuée encore
par son visage plein aux traits harmonieux, rehaussé par le beau front
bombé et harmonisé par un nez aquilin qui sépare l'ovale troublante des yeux.
Notons que malgré des
rumeurs tenaces, elle nia toujours avoir jamais cédé aux avances du Chancelier
ainsi qu'à celles de son ministre de la culture, le sémillant Herr Goebbels. Il est vrai qu'elle nia également sa vie durant
avoir jamais soutenu le régime nazi, prétendant même en ignorer les lubies
hygiénistes, ce qui, de l'avis de la plupart des témoins de cette période,
paraît franchement douteux.
La fin de la guerre
aurait pu la placer dans une position délicate si elle n'avait pas bénéficié de
la compréhension indulgente des autorités françaises d'occupation et de l'appui
de Jean Cocteau (un cocktail, des
cocteaux). Las, usée par les querelles des milieux du cinéma, et les procès à
répétition concernant ses figurants piochés dans les camps de concentration,
elle décide de se consacrer à la photographie - domaine qui y gagnera de
sublimes images de sauvages du Soudan et de fonds sous-marins…
Elle
meurt centenaire et admirée.
Bruno FORESTIER
"blonde et belle jeune femme"
RépondreSupprimerEst-il certain qu'elle fût blonde ? Les photos paraissent indiquer le contraire…
Bel article en tout cas. Son destin rappelle un peu celui de Arno Breker, sculpteur officiel du régime nazi, proche de Hitler, qui put continuer tranquillement sa carrière après la guerre sans être jamais inquiété. Mort à plus de 90 ans…
C'est une jolie fille !
RépondreSupprimerOn a l'air de bien rire avec le gribouilleur volontariste !
Il est juste de dire que Riefensthal passa la fin de sa vie à nier contre l'évidence son engagement avec le nazisme… Cette photo avec Hitler est pourtant assez claire, et maintenant que j'apprends qu'elle piochait ses figurants dans les KZ…
RépondreSupprimer@ LB:
RépondreSupprimerL'héroïne de film de montagne ne pouvait qu'être blonde si j'en crois les affiches de films. Question de Volklish attitude, sans doute.
@ LB & JC:
Vous avez également raison, la carrière de Breker est assez comparable à celle de notre héroïne: indéniablement talentueux et tout aussi indéniablement nazis, ils furent aussi tous deux des protégés de Jean Cocteau (décidément).
Effectivement, ni Riefensthal ni Breker ne furent sérieusement inquiétés après-guerre. Mais avouons que persécuter les artistes officiels du régime auraient été un peu déplacé alors qu'au même moment les alliés comme les soviétiques recyclaient massivement les cadres nazis dans les deux états fantoches allemands.
@ Bruno Forestier
RépondreSupprimerJe ne vous le fais pas dire, il aurait été étrange de persécuter des artistes nazis quand Guderian, chef de ces merveilleux panzers qui firent tant parler d'eux, était devenu général de l'Otan…
Quand vous parlez de "Victoire de la Foi" ou des "Dieux du Stade" comme de chefs d'œuvre, c'est ironique ? Chef d'œuvres de propagande ? Mais y-a-t-il vraiment eu des innovations cinématographiques dans ces films ?
RépondreSupprimerBruno Forestier étant en vacances, je pense qu'il faudra un peu attendre pour avoir une réponse !
RépondreSupprimerEn tout cas, il me semble pour ma part que ces films sont bien des chefs d'œuvre de propagande comme de réalisation. L'un n'exclut pas l'autre.