lundi 30 août 2010

Jean de Tinan, météore ou feu follet ?

Jean de Tinan (1874-1898) est bien oublié aujourd’hui, c’est le moins qu’on puisse dire. Pour autant, est-ce si étrange lorsque l’on sait que cet écrivain est mort à l’âge de 24 ans ? Ne faut-il pas au contraire saluer la remarquable longévité de ses œuvres — une en particulier — et la survivance de son personnage de dandy ? Incontestablement, un mythe est né de sa mort si brusque. Ce mythe l’a montré tel un météore, auteur maudit emporté à la veille d’une œuvre immense. N’était-il pas à cette époque un proche de Pierre Louÿs, André Gide ou Paul Valéry, tous encore inconnus ou presque, et aux côtés desquels sa signature figure dans le numéro 2 du Centaure, l’une de ces revues littéraires aussi éphémères que brillantes qui pullulaient à la fin du XIXe siècle ? D’aucuns cependant eurent tôt fait de railler ce prétendu génie dès après sa mort. Cet « anti-mythe » montra Tinan sous les traits d’un habile mirliflor déguisé en littérateur. Mort à 24 ans, certes, et quel chef d’œuvre ? N’est pas Lautréamont qui veut !

Faisons la part des choses, comme on dit. La très belle édition des Œuvres complètes de Jean de Tinan est parue chez 10/18, en 1980, dans l’intéressante série « Fins de siècles » dirigée par Hubert Juin. En deux volumes, elle recense tous les textes importants publiés par le jeune homme dans sa courte vie littéraire, soit deux romans (dont un inachevé), un essai, une chronique, une biographie et quelques articles. Beau bilan quoi qu’on en pense.
Parce qu’elle permet de saisir toute l’étendue du champ littéraire dans lequel s’inscrivait le jeune écrivain, la lecture de cet ensemble s’avère passionnante en dépit de l’inégale qualité des œuvres présentées. Ainsi, il faut d’emblée écarter le très médiocre Document sur l’impuissance d’aimer, sorte d’essai maladroit sous forme de journal qui aboutit à un plat recueil de jérémiades. De même, les articles et chroniques de Jean de Tinan au Mercure de France ou au Centaure ont beaucoup perdu de leur intérêt. La plupart des noms cités sont parfaitement oubliés et le tout est emberlificoté de telle façon que, sans connaissance des personnages évoqués, on y perd tout à fait pied. Mais il faut bien reconnaître qu’il y a un certain talent derrière cela : de belles tournures, un style inhabituel pour l’époque (parenthèses partout en particulier), des éloges pour de jeunes auteurs dont les talents allaient bientôt éclater (Marcel Schwob, Alfred Jarry, Léon-Paul Fargue, Francis Jammes, sans parler d’André Gide et Pierre Louÿs) voire d’amusantes insolences sur les grands contemporains, qu’il s’agisse du dandy Montesquiou ou de l’inénarrable Paul Bourget :
« M. Paul Bourget a écrit : « Le flirt est l’aquarelle de l’amour ». Les romans de M. Bourget sont l’aquarelle du roman. Il y a de belles aquarelles. »

Mais venons en à l’essentiel. Les deux romans de Jean de Tinan ont pour héros Raoul de Vallonges, jeune homme derrière lequel l’auteur se peint sans se cacher. Tous les personnages qui gravitent autour de cette figure sont aussi aisément identifiables : il y a Pierre Louÿs (Silvande), le philosophe Henri Albert (Welker) ou encore Willy (Silly), « l’époux de Colette » pour la postérité qui, en plus de sa femme, employait aussi Tinan comme nègre. Dans Penses-tu réussir !, le premier roman de Tinan, Mallarmé avait salué une nouvelle Éducation sentimentale. Disons en effet que le livre est exactement ce que dit ce titre et non ce que fut l’œuvre qui dans l’histoire littéraire y reste attachée.
Le récit est extrêmement décousu : narrateur extérieur et pensées de Vallonges alternent parmi les points de suspension et parenthèses. On est tout de suite frappé par la modernité de certaines phrases et expressions, de même que par le ton, lucide et moqueur, puis si facilement mélancolique, montrant sans crainte le ridicule de ces écarts. Tout au long du roman, le héros poursuit l’amour, la femme, Elle, parce qu’il recherche le bonheur : il passe par l’échec d’une passion, ses émois, ses espérances, ses illusions, avant de montrer pourquoi il ne faut pas aimer mais se contenter de cueillir, faute de jamais pouvoir trouver la femme qui fusionnera la tendresse et le sexe, l’amour et le désir. On retrouve là les préoccupations propres à bon nombre de ses contemporains au premier rang desquels André Gide dont la théorisation de cette distinction fut esquissée dans sa préface à la réédition d’Armance de Stendhal.
Mais ce roman n’est pas une compilation de lieux communs sur l’amour. Encore une fois, le ton y est suffisamment ironique pour empêcher ce malheur. En exposant ses amours, en les analysant, Jean de Tinan cherche à comprendre et raisonner sa sensibilité, son Moi. C’est là à nouveau une thématique récurrente de la fin du XIXe siècle dont l’introduction fut l’œuvre de Maurice Barrès. Dans sa préface, Tinan se place d’ailleurs directement dans la lignée de ce dernier qui avec sa trilogie du Culte du Moi régnait en maître sur la jeunesse littéraire de son époque. Sa quête du bonheur, Tinan l’achève par un surprenant dialogue de son héros avec une sirène. À celle qui lui offre le Rêve, Vallonges préfère opposer sa certitude :
« Ce n’est pas votre Rêve que je méprise… mais je ne suis sûr que d’une chose, c’est de vivre, — souffrez que je m’y tienne et n’y renonce pas si facilement. Je m’y plais aujourd’hui, et cela n’a pas été sans peine… »

Penses-tu réussir ! en se terminant de la sorte clôt le questionnement qui rongeait Raoul de Vallonges. Avec Aimienne ou le détournement de mineure, roman inachevé, Jean de Tinan poursuit le récit de la vie de son héros sans plus revenir sur ses interrogations de jeunesse. On perçoit nettement la maturité du personnage comme celle du romancier. Sans doute Tinan tenait-il là son (premier) chef d’œuvre. Ce livre publié à titre posthume en 1899 est d’une fraîcheur étonnante qui, mutatis mutandis, rappelle fortement celle du Paludes de Gide publié peu avant en 1895. Reprenant l’atmosphère de Penses-tu réussir !, son héros et les amis de celui-ci, l’auteur construit une véritable intrigue : une fillette de 14 ans qui vient de fuguer est recueillie par hasard par Vallonges qui ne sait quoi en faire. Ses amis s’amusent de cette aventure mais lui conseillent vivement de se débarrasser de la petite avant que la justice ne s’en mêle. De l’autre côté, Vallonges a du mal à réfréner son désir, Aimienne s’offrant à lui avec l’enthousiasme de l’innocence. Toute cette histoire se déroule au milieu des réunions littéraires du héros et de ses amis, tous aussi rentiers les uns que les autres. Ça lit, ça écrit, ça parle et le lecteur ne s’ennuie pas une minute. Hélas! Le récit est interrompu et l’on regrette vraiment de ne pouvoir achever sa lecture. La fin telle qu’elle est résumée par le plan de l’auteur promettait.

Reste que tout cela ne permet pas encore de voir dans Jean de Tinan un écrivain de la valeur de Gide ou Louÿs dont les livres de jeunesse furent éblouissants. À sa décharge, on observera cependant que les premières œuvres ne garantissent pas toujours la qualité des futures créations. Pierre Louÿs ne s’est-il pas justement essoufflé après avoir si brillamment entamé sa carrière ? Si l’on ose même citer l’exemple de Proust, de trois ans plus âgé que Tinan, on remarquera que rien n’annonçait dans ses premières publications l’immense œuvre qu’il allait donner, tant et si bien que le manuscrit du Côté de chez Swann fut accueilli comme le caprice d’un mondain en mal de célébrité. Précisément, et alors même qu’il s’était tôt engagé dans les lettres, Jean de Tinan a souffert de son image de dandy toujours bien mis à laquelle certains ont opposé le génie d’un Jarry habillé comme l’as de pique. C’est selon nous une injustice. Avec un style vraiment propre à lui, Jean de Tinan a peint comme personne la vie, les errances et les pensées de la jeunesse intellectuelle de cette fin de siècle. À défaut de génie, il y a incontestablement du talent chez lui. Rien ne nous permet d’affirmer qu’il serait devenu le grand écrivain qu’il aspirait être, mais ses minces œuvres, particulièrement ses deux romans, annonçaient au moins un bel avenir. Atteint d’une néphrite aggravée par ses noctambulismes, on sait qu’il ne put aller plus loin ; il est mort en 1898.

Lucien JUDE

Le roman Penses-tu réussir ! a été réédité en poche dans la collection La Petite Vermillon (La Table Ronde), 280 pages, 2003.

Images : portrait de Jean de Tinan par Henry Bataille, 1898 (source ici), couverture du tome 1 des Œuvres complètes de Jean de Tinan chez 10/18 (source ici), couverture de Penses-tu réussir ! dans sa réédition en poche (source ici), couverture de l'édition d'Aimienne (source ici), photo de Jean de Tinan (source ici).
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11 commentaires:

  1. Merci pour cette découverte!
    Je vais me pencher de plus près sur cet auteur mort trop jeune.

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  2. Au fait, d'où vient ce titre étrange, qui n'est pas à proprement parler très engageant, je trouve?

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  3. C'est par Valéry que Tinan, étudiant en agriculture à Montpellier, demande à Gide un texte pour Le Centaure. Je ne résiste pas au plaisir de vous recopier quelques passages de la correspondance Gide-Valéry :

    « Je me retire du Centaure (et tu devrais faire comme moi, mon cher vieux). J'ai lu ce premier numéro avec stupeur. Les pages de Régnier, de Louÿs et les miennes sont bonnes — (celles de Herold aussi) — et même j'aime beaucoup celles de Louÿs et de Régnier. Tinan, Lebey et Henri Albert sont charmants mais leur littérature ne me plaît point et le malheur est que, comme ils vont tous trois dans le même sens qui est aussi le sens de Louys et le mien dans cette ronde, les courtes pages de Régnier et les tiennes et le conte trop sévère de Herold ne suffisent pas à faire moins paraître cette revue une assez plate invitation à la débauche et une succursale à la quatrième page de certains journaux du samedi. Le reste y semble là pour dorure et l'Art n'y est plus qu'un vague prétexte à s'autoriser. Les pages de voyage que je pourrais donner perdant là toute valeur sérieuse ne paraîtraient plus que du reportage pour amuser les snobs, etc., etc.
    Enfin, s'il plaît à Louÿs de fonder une école, et à Herold de la baptiser, cela va fort bien à ses disciples L[ebey], T[inan] et A[lbert] de le suivre et de s'installer dans du papier de luxe — mais cela ne me va pas du tout de chanter avec eux, d'autant qu'on y chante faux quand on n'y chante pas le même air. — Retire-toi donc aussi et tu verras...
    Je pensais d'abord te prier de faire part aux autres de ma démission, mais cela eût pu t'être désagréable et j'ai préféré écrire franchement aux autres collaborateurs. Tu me diras l'effet — cela m'amusera ; soigne ton récit.
    À Robert de Tinan [sic] lettre longue (que tu n'es pas sensé connaître) — et lettre à Albert, qui [sic] m'a fort amusé à écrire en un patois où il pourra lire tout ce qu'il voudra. J'écris de même à Régnier et à Herold. » (Lettre de Gide à Valéry, 18 mai 1896)

    Dans la même lettre, Gide annonçait à Valéry qu'il venait être élu maire de La Roque (« Des gens qui ne m'ont jamais vu ! - je ne leur ai jamais rien fait ! - faut-il que le monde soir méchant tout de même ! »), alors Valéry lui suggère en réponse :

    « Prends vite un arrêté contre Le Centaure :

    Nous, André Gide, maire de La Roque-Baignard, vu la loi du 7 prairial an VIII, etc.
    avons arrêté ce qui suit :
    Art 1er – L'importation et le colportage du Centaure est interdit dans les limites de la commune.
    Art. 2 – M. le garde champêtre est chargé de l'exécution du présent arrêté... » (Lettre de Valéry à Gide, 22 mai 1896)

    Tinan qui avait déjà souffert à Montpellier de « rhumatisme au coeur » tombe malade lors d'un séjour chez sa tante dans le parc de l'ancienne abbaye de Jumièges. Louÿs l'en ramènera à Paris au début de septembre.

    « En quittant Alençon, deux jours de Paris m'ont permis de voir Régnier ; il m'apprend que Tinan est ou était (il y a de cela huit jours) au plus mal — toujours la même chose : rhumatisme au cœur et complications pulmonaires. Tous ses meilleurs intimes rassemblés à Jumièges ne parviennent pas à l'empêcher de jeter son régime lacté par les fenêtres et à dévorer tous les biftecks qu'il rencontre, de sorte qu'il paraît que ça ne lui vaut rien. — J'ai beau n'avoir pas pour Tinan une sympathie très vive, le récit de tout cela m'a passablement assombri. » (Lettre de Gide à Valéry, 20 août 1898)

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  4. @ Naturalibus
    Le titre "Penses-tu réussir !" n'est en effet pas des plus engageants… Il est simplement extrait du roman où, à plusieurs reprises, le narrateur laisse échapper cette interjection. Réussir est en effet le fin mot de l'histoire puisqu'il s'agit aussi bien de réussir en trouvant la femme parfaite que réussir littérairement parlant.

    @ Fabrice
    Merci pour ces extraits particulièrement intéressants. La démission de Gide ne fut pas définitive puisque Tinan réussit à le convaincre de participer au second et dernier numéro auquel Gide donnera "El Hadj" et Valéry (toujours là aussi) la fameuse "Soirée avec M. Teste". Mais, de fait, Gide considérait la revue comme beaucoup trop légère. Par ailleurs, d'après ce que raconte Hubert Juin dans sa préface, une lettre canulardesque de Louÿs à Gide força ce dernier à se retirer du comité de rédaction. Cette lettre indiquait à Gide que tous les rédacteurs avaient été choqués par le poème de Gide où celui-ci avait fait louange de "la saveur spéciale des organes génito-urinaires de l'un et l'autre sexe" ce qui était "digne d'un Parnasse satyrique plutôt que d'une revue d'Art".

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  5. On découvre toujours de nouvelles lectures sur ce site... C'est un régal ! Cependant, je trouve assez dangereux pour vos "protégés" de confondre aussi allègrement auteur et narrateur, deux catégories bien distinctes même si le premier influence souvent beaucoup le second... Pour un peu, je n'aurais pas lu cet article jusqu'au bout - et cela aurait été dommage !

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  6. @ BBC
    Je ne comprends pas trop où se situe la confusion auteur/narrateur que vous déplorez… Pouvez-vous m'éclairer ?

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  7. "jeune homme derrière lequel l’auteur se peint sans se cacher."
    "En exposant ses amours, en les analysant, Jean de Tinan cherche à comprendre et raisonner sa sensibilité, son Moi."
    "Sa quête du bonheur, Tinan l’achève par un surprenant dialogue de son héros avec une sirène. À celle qui lui offre le Rêve, Vallonges préfère opposer sa certitude"

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  8. @ BBC
    Certes, je reconnais volontiers qu'il faut mettre de la distance entre le narrateur et l'auteur, cela n'empêche pas que l'aspect autobiographique soit relevé. J'ajoute qu'en l'espèce la préface et la postface de l'auteur m'ont autorisé ces rapprochements qui vous ont déplu.

    Ainsi Tinan dit-il dans sa préface :
    "Celui qui a écrit ces pages est aussi jeune que celui qui en est le "héros", et ils réclament tous les deux le bénéfice de cette jeunesse. Ils ne prétendent à rien autre qu'à avoir voulu dire des choses un peu authentiques sur des sujets dont l'incontestable banalité constitue tout l'intérêt…"

    Et surtout :
    "Je crois bien que les livres que je ne saurais manquer de publier à la suite [...] ne me toucheront pas aussi directement que cette poignée de lyrismes mal apprêtés, si brutaux, et si bien contradictoires — (toutes ces choses dont j'ai senti qu'il fallait me débarrasser) — parce que mes "dix-huit-à-vingt-ans" y ont un peu crié tout de même… parce que j'y "transpose" — à peine…— ce qui m'avait ému moi-même…"

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  9. Merci pour cet article très complet et très instructif sur cet auteur méconnu.

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  10. [Petit commentaire qui arrive bien après la bataille, j'en ai peur. Vous m'en excuserez, je l'espère, par le fait que le sujet me tienne particulièrement à cœur. ^^]

    Je ne peux que vous remercier pour avoir écrit sur cet auteur qui m'est très cher ... Et votre article, très synthétique, en livre une belle présentation qui, semble-t-il, a donné envie à certains de le découvrir. Pour ma part, je ne vous lis pas en complète novice : après l'avoir "côtoyé" durant deux ans, je travaille cette année sur lui - m'intéressant à ses articles alimentaires parus dans la Presse.

    C'est drôle, cependant ... On considère souvent Tinan comme un auteur mineur. J'ai eu l'impression parfois (mais vous pouvez me détromper !) qu'on lui fait ce reproche notamment parce qu'il ne correspond pas au mythe de l'écrivain qui se retire loin de tout pour se livrer tout entier à son art ... Il est vrai qu'avec lui, ses noctambulismes, on est loin de l'ascétisme d'un Flaubert ou du retrait de Proust dès lors qu'il écrit La Recherche ! Tinan, au fond, a voulu vivre, il a couru les cafés, les salons, - du moins, quand ses phynances le lui permettaient ... Et selon certains, c'est ce qui l'a perdu, car il aurait préféré la vie mondaine à son travail littéraire. Je serais plutôt de ceux qui pensent que son écriture s'est nourrie de cette expérience, mais les deux opinions se doivent de co-exister, je pense.

    J'avoue lui prêter aussi un peu de génie, malgré tout - peut-être est-ce une faiblesse de ma part, une fantaisie de jeunesse ? Et je vois dans ses romans, notamment Penses-tu réussir ! une forme de dépassement des grandes questions ayant agité cette génération d'écrivains, qui a longtemps cherché ce qu'on pouvait écrire, après tout les grands romans du XIXème, à quoi on pouvait encore croire, après avoir écarté la religion, le positivisme, l'idéalisation artiste, etc. Son écriture, sa pensée se construisent sur le doute, la remise en cause, ou encore la destruction des idoles de jeunesse par l'ironie - et on peut alors se rappeler qu'il côtoyait Henri Albert, connu encore aujourd'hui pour ses traductions de Nietzsche. Je vous aurais bien contesté enfin à propos des articles que publie Tinan, et dans lesquels j'aime à voir des reflets de sa pensée et de son esthétique. Mais je comprends cette réticence que vous exprimez car, en l'absence d'éditions critiques, on doit chercher soi-même à élucider le mystère, et c'est parfois long, laborieux, voire inefficace ... Alors au fond, je ne viens pas chercher la controverse, loin de là, et si je mentionne les quelques désaccords que j'entretiens avec votre propos, c'est bien pour souligner tout le reste, qui me semble très juste.

    Je conclurai donc en déclarant à votre suite que Jean de Tinan vaut la peine qu'on s'y intéresse et pour recommander à mon tour son roman, Penses-tu réussir ! qui est loin d'être peu engageant, malgré l'étrangeté de son titre. On y rit beaucoup, d'ailleurs, même si c'est parfois d'un rire un peu amer ... !

    J'ajouterai que j'en ai profité pour découvrir plus avant votre blog, qui est très intéressant et plaisant à la fois. Alors, en espérant ne vous être pas trop importune, je reviendrai sûrement vous lire.

    Bonne continuation à vous, surtout ! =)

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  11. @ Fréneuse
    Merci pour votre commentaire qui propose d'intéressants développements.
    À mon avis, le mépris et l'oubli dont Tinan est aujourd'hui l'objet s'expliquent beaucoup par la minceur de son œuvre. En outre, son souvenir ne fut pas spécialement bien entretenu par ses amis qui allaient devenir célèbres et l'éclipser pour de bon : Gide, Valéry, Jarry, Colette, Willy, Louÿs (ce dernier s'était d'ailleurs éloigné peu avant la mort de Tinan). Contrairement à Tinan, un auteur comme Radiguet, mort très jeune lui aussi, a eu l'avantage de posséder en la personne de Cocteau le meilleur agent publicitaire possible…
    Il reste néanmoins "Penses-tu réussir !" et "Aimienne" qui certainement ont une grande valeur. La réédition du premier roman montre que Tinan n'a heureusement pas été oublié.
    Bonne continuation dans vos recherches sur cet auteur ! N'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires ou suggestions.
    Bien à vous.

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