La géographie parisienne réserve
bien des surprises. La longue voie qui borde le sud du cimetière royaliste de
Picpus à Paris n’est autre que la rue Santerre, du nom du commandant de la
garde nationale durant la Révolution française. Antoine-Joseph Santerre
(1752-1809), brasseur du faubourg Saint-Antoine, fut l’un des plus actifs
participants de la prise de la Bastille avant de devenir un personnage
essentiel des sections parisiennes. Adulé par les sans-culottes, il devint sans
peine commandant de la garde nationale, poste qui lui permit de comploter en
toute quiétude tout en spéculant sur les biens nationaux. Ayant réclamé un
commandement de volontaires pour la Vendée, notre homme s’y montra pitoyable et
rentra bien vite en son quartier (Victor Hugo évoque, avec une coupable
indulgence, les bataillons de Santerre au début de son roman Quatre-vingt-treize). Lié aux déplorables Hébertistes, il fut
logiquement expédié en prison au moment de la liquidation de cette clique et, comme
de juste, c’est aux Thermidoriens que cette imposture révolutionnaire dut sa
libération. Cette brève relation de sa vie montre assez quel jean-foutre fut le
médiocre Santerre. Allez savoir quelle lubie frappa le conseil municipal du 12e
arrondissement qui baptisa cette voie…
Quoi qu’il en soit, il est
toujours plaisant de constater que la rue Santerre borde le fameux cimetière de
Picpus, l’un des deux seuls cimetières privés de la ville de Paris. Pour deux
euros – somme un peu élevée, mais après tout c’est un territoire royaliste et
catholique – on peut visiter les lieux l’après-midi. Derrière la chapelle qui
commémore le souvenir des "martyrs", un sympathique jardin, bien
entretenu, s’étend tout en longueur sur quelques centaines de mètres. C’est au
fond de ce jardin que se situe le cimetière à proprement parler, non loin des
deux fosses communes dans lesquelles furent jetés les corps des 1300 personnes
exécutées entre la mi-juin et le 27 juillet 1794, lorsque la guillotine
fonctionnait sur la place du Trône renversé (actuelle place de la Nation).
Seuls les descendants de guillotinés ont normalement droit d’y être inhumés. Dans
les faits, bien que plus de la moitié des "martyrs" appartienne au peuple, les
noms à particules règnent en maîtres dans le cimetière. Rien ne change.
La star des lieux est le brave
La Fayette, une imposture d’un calibre plus élevé encore que l’ami Santerre. Un
drapeau américain flotte continuellement au-dessus de sa tombe qui est
fidèlement fleurie tous les 4 juillet. Pour le reste, le bottin mondain
royaliste s’étale avec ses titres ronflants sur les dizaines de tombes qui
couvrent le cimetière, de la même manière que fleurissent les noms des
dirigeants communistes sur les tombes qui font face au mur des Fédérés du Père Lachaise (à ceci près qu’il faut payer pour voir le
lieu de mémoire royaliste quand celui du peuple est gratuit…).
Si l’on fait abstraction des
innombrables plaques commémoratives chargées de bondieuseries, la visite est
donc intéressante. Le prix d’entrée, quant à lui, a au moins l’avantage de vous
assurer une quasi solitude dans un agréable jardin…
KLÉBER
C'est un point de détail, mais d'après mes souvenirs c'est surtout la famille Marx-Longuet, accompagnée de quelques communards - dont le poète Clément - qui fait face au mur des Fédérés. Les dirigeants du PCF sont simplement alignés le long d'une des allées qui y mène.
RépondreSupprimerAutre point, peut-on savoir ce que tu reproches exactement à La Fayette ? (À part d'être passé à l'ennemi, évidemment).
Pour avoir visité le Père Lachaise il n'y a pas si longtemps, je confirme la présence de Duclos, Thorez, Vaillant-Couturier, Frachon, juste en face du mur. Mais il faudrait une photo pour confirmer. Je vais tâcher de la trouver.
RépondreSupprimerQuant à Lafayette ! Je lui reproche de s'être fait passer pour un révolutionnaire, alors qu'il ne pensait qu'à sauver ses privilèges et le roi, d'avoir trahi sans état d'âme alors que le pays était envahi (je cite Michelet : "La Fayette ne semblait voir d’ennemi que les Jacobins. Par une adresse, il appelait son armée à rétablir la Constitution, défaire le 10 août, rétablir le roi. Cela équivalait à mettre l’étranger à Paris. Il n’y a aucun exemple d’une telle infatuation. Heureusement il ne trouva aucun appui dans son armée."). En outre, le bonhomme profita de son emprisonnement par les Prussiens pour se faire passer pour un héros (les Prussiens lui rendirent là un incontestable service). En 1830, on retrouve cet énergumène, âgé de plus de 70 ans, à la tête de la faction qui impose Louis-Philippe en lieu et place de la République victorieuse. Pour ce faire il a encore usé de son ancien prestige d'"Américain"… Bref, un prétendu héros qui ne fut qu'un pâle réactionnaire. Il y a de la ganache dans ce personnage…
Que de commentaires imbéciles. Vous semblez avoir des idées arrêtées sur tout.
SupprimerQui etes vous ??
RépondreSupprimerLes Septembriseurs ! Et vous ?
RépondreSupprimerLa culture comme sport de combat, fort bien… alors je vous conseille la biographie de Santerre par Carro ainsi que le livre de Raymonde Monnier sur Santerre. Vous aurez ainsi une autre vision du personnage qui, si il fut un médiocre combattant (erreur de casting) il fut un patron et un père de famille apprécié et généreux pour son prochain, un humaniste dépassé par les événements.
RépondreSupprimerVous viendrez peut être à enlever les commentaires pour le moins péremptoires sur son compte.