mardi 24 mai 2011

Rebatet romancier

Le purgatoire de Lucien Rebatet (1903-1972) semble toucher à sa fin. Malgré les cris d’orfraie qui ne manquent pas de s’élever dès qu’on l’évoque, il y a désormais suffisamment d’éditions, rééditions, citations de ses œuvres, pour que son nom longtemps enfoui et honni devienne presque commun. Dernier exemple en date de cette réhabilitation, la parution de son roman Les Épis mûrs chez Le Dilettante, plus de soixante années après sa première et dernière édition chez Gallimard (1954).
Rebatet revient donc de loin. Parmi les écrivains collabos, il faut dire qu’il ne fut jamais considéré comme très sérieux. Sans le comparer à Céline qui reste tout à fait à part, Rebatet a été durablement éclipsé par les ombres de Drieu la Rochelle et Brasillach dont les destins tragiques (suicide pour le premier, exécution pour le second) favorisèrent une popularité bien excessive.

Mais c’est surtout à son pamphlet, Les Décombres, best-seller de l’Occupation, que Rebatet doit son bannissement de la république des lettres. Dès après la guerre, ce pavé publié en 1942 fut rangé au rayon des horreurs. Comme si des milliers de lecteurs voulaient tout à coup oublier ce honteux ouvrage plébiscité en des temps malheureux, on mit dessus toutes les étiquettes imaginables : entreprise de démolition de la France républicaine, ode au nazisme, monument antisémite, etc. Pourtant, au-delà des haines qu’il étale, Les Décombres est avant tout un livre sans nul pareil sur l’effroyable gabegie de 1940. Narrateur impitoyable, Rebatet y démontre en outre un incontestable talent littéraire. Ces aspects, on s’en doute, furent de peu de poids à la Libération. En même temps qu’était enterré le livre, son auteur en fut récompensé par une condamnation à mort des plus méritées, bientôt commuée en détention perpétuelle par la grâce du président Auriol. L’implacable logique judiciaire de cette heureuse époque permit que, sept ans plus tard, Rebatet fût libre…

À rebours de ses écrits polémistes, il publia alors Les Deux Étendards, roman commencé dès la guerre et poursuivi pendant sa détention. Ce long récit (1300 pages), directement inspiré par une expérience de jeunesse, raconte l’histoire de deux amis amoureux de la même jeune fille, Anne-Marie, déchirée entre les tentations terrestres et spirituelles. Malgré d’évidentes longueurs et quelques incohérences, un souffle formidable anime ce roman qui, dans le Lyon des années 1920, oppose le mécréant au croyant. Toujours vif, le style de Rebatet se métamorphose avec les scènes, passant du plus pur lyrisme à de rares obscénités, du sarcasme à de pathétiques déclarations d’amour, des émois du satyre au débat théologique. Le lecteur en est tout étonné et reste émerveillé devant tant de prodiges.
Édité par Gallimard grâce à l’appui de Jean Paulhan, ancien résistant dont l’honnêteté n’est plus à prouver, Les Deux Étendards n’eut néanmoins aucun succès. À l’image de Céline à la même époque, les anciens collabos n’étaient pas pardonnés, et Rebatet le premier, lui qui dans Les Décombres et les colonnes de Je Suis Partout s’était montré l’un des plus zélés partisans du nazisme. Favorisé par la rumeur et quelques éloges venus de littérateurs avertis, son roman n’en commença pas moins une belle carrière de livre « maudit » qui justifia plusieurs rééditions jusqu’à aujourd’hui (2007 pour la dernière en date).

Le deuxième et dernier roman de Rebatet parut donc peu après le précédent, en 1954. Les Épis mûrs se veut la biographie d’un jeune musicien de génie, Pierre Tarare, née avec cette génération qui fut fauchée par la Grande guerre (le titre est tiré d’un vers de Péguy, « Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés »). À travers ce roman, l’ancien critique musical que fut Rebatet expose largement sa passion pour la musique au fil d’interminables conversations de mélomanes qui apparaissent bien obscures au lecteur néophyte. Tout au contraire des Deux Étendards, l’intrigue est quant à elle exagérément hâtive : brimé par un père obsédé par les seules sciences, le jeune Pierre doit s’adonner à son amour pour la musique dans une clandestinité toute romanesque, développant son génie à coup de fugues, vols et autres esclandres, avant de trouver enfin le grand amour dans un très mauvais remake de la tour Farnèse de La Chartreuse de Parme, scène déjà des plus exaspérantes chez Stendhal
Et pourtant, Les Épis mûrs n’en demeure pas moins agréable à lire. En dépit de ces défauts, plusieurs scènes rehaussent le tout et parviennent à donner un intérêt certain à l’ensemble. Si on reste très loin des Deux Étendards, l’auteur a le mérite de s’essayer à un registre plus léger, souvent plein d’humour, avec un rythme entraînant quoique parfois trop rapide. Sans même être amateur de musique classique, on y trouve bien des réflexions intéressantes sur cet univers, notamment à propos des œuvres de Schoenberg et Stravinsky. Enfin, les dernières pages consacrées à la Guerre de 14 sont tout particulièrement réussies, rappelant d’ailleurs certains passages des Décombres, où l’on voit Rebatet décrire l’incomparable stupidité des galonnés de l’armée française. Un extrait en hommage à notre grande ganache Gamelin :
Aussi bien, dans cette heureuse période de guerre installée et active, chacun des chefs en vue de ce Bureau patronnait son offensive personnelle, l'alimentait, la choyait. C'est ainsi que le lieutenant-colonel Gamelin, chef justement du Troisième Bureau, et collaborateur favori du général Joffre, avait jeté son choix sur l'Hartmannswillerkop, le Vieil Armand, et consacra durant plus d'un trimestre toutes ses journées de Chantilly à le posséder. Après y avoir enterré un nombre convenable d'excellents bataillons, il l'eut, pour en perdre d'ailleurs très vite plusieurs morceaux. Ce fut alors que d'autres colonels se demandèrent, avec une logique suspecte et en tout cas de mauvais goût, à quoi le Vieil Armand pourrait bien être employé. L'état-major ennemi, qui s'était tant acharné à sa défense et à sa reprise, conçut soudain pour lui un dédain identique, et il n'y eut plus aucun combat dans ce secteur jusqu'à la fin de la guerre. Mais si les Allemands furent fondés à déplorer leurs sacrifices, l'utilité pour la France du Vieil Armand se révéla plus tard, puisqu'il servit de tombeau national et exhaustif à vingt-cinq mille chasseurs alpins, et qu'il avait été le champ de manoeuvre d'un futur généralissime.
Hélas, l’insuccès de ce dernier livre sonna le glas de la carrière d’écrivain de Rebatet. Tout en ébauchant quelques projets de romans (Margot l’enragée, La lutte finale), il poursuivit donc son métier de journaliste, essentiellement dans des revues d’extrême droite comme Rivarol, mais aussi au Spectacle du Monde où sous son pseudonyme de François Vinneuil il tint jusqu’à sa mort la critique cinématographique. C’est cependant le thème central des Épis mûrs qui lui ouvrit sans doute la première porte de sa réhabilitation, son Histoire de la musique publiée en 1969 n’ayant jamais cessé de rester une solide référence.

Lucien JUDE

Autres livres de Rebatet :  Lettres de prison, Le Dilettante, 1993. Mémoires d'un fasciste II, Pauvert, 1976 (raconte essentiellement la réception des Décombres et la fin de la guerre vécue par Rebatet), Dialogue de "vaincus", Berg International, 1999 (avec P.A. Cousteau, amusants dialogues écrits par les deux journalistes de Je Suis Partout durant leur captivité à Clairvaux).

Images : Lucien Rebatet lors d'une séance de dédicaces à la librairie Rive Gauche en octobre 1942 (source ici), couverture des Décombres, Denoël, 1942 (source ici), couverture des Deux Étendards, Gallimard, 2007 (source ici), hideuse couverture des Épis mûrs, Le Dilettante, 2011 (source ici), couverture d'Une Histoire de la musique, Robert Laffont, (source ici).
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18 commentaires:

  1. Bravo pour cet article extrêmement intéressant!

    Les Deux Etendards... Ce livre dont Lucien Jude n'ignore pas que Mitterrand aurait dit: "Le monde est divisé en deux catégories. Ceux qui ont lu Les Deux étendards, et les autres", et que Georges Steiner incluait dans "ce que le roman français a fait de plus grand", avec La Semaine sainte et Le Sang noir. Pour ma part c'est un livre qui m'a profondément touché, malgré des longueurs agaçantes et même parfois franchement superflues. Les conversations théologiques sans fin qui animent nos héros Michel, Régis et Anne-Marie pourront en rebuter quelques-uns, mais font aussi le sel de ce livre.

    Les Epis mûrs est en effet nettement moins achevé, bien qu'il faille garder en tête qu'à l'origine Rebatet comptait rédiger une grande fresque de la musique, dont ces 300 pages n'auraient constitué qu'une partie. Néanmoins il est vrai que ce roman a un goût d'inachevé, de bâclé. La première partie du livre prend son temps pour installer son personnage dans l'histoire, la deuxième partie semble précipitée, un poil moins cohérente. Ça reste un très beau roman, à mon sens.

    Quant à son Histoire de la musique, il est vrai qu'elle fait toujours référence. La meilleure preuve réside dans le fait qu'on la trouve partout -même à la Fnac- malgré l'ostracisme qui touche les œuvres de Rebatet.

    A ce sujet, je ne suis pas tout à fait d'accord sur le renouveau dont il profiterait: bien sûr ses deux grands romans sont aujourd'hui publiés, mais il reste un auteur largement anonyme. Jamais un libraire ne le mettra spontanément entre des mains non averties en disant "vous me direz ce que vous en pensez". Je ne parle même pas des critiques, qui se divisent entre ceux qui avouent du bout des lèvres que Les Deux étendards est un grand roman mais ne peuvent se résoudre à l'encenser à cause de la personnalité de son auteur (Assouline) et les autres qui le cataloguent ex abrupto dans le style pompeux illisible (mais l'ont-ils seulement lu?). Bref, si Rebatet semble être un peu "sorti du purgatoire", je dirais que c'est moins une démarche positive des critiques que le résultat d'une indifférence générale qui profite à sa diffusion. Une triste banalisation, en quelque sorte.

    Une fois de plus, excellente analyse de Lucien Jude.

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  2. Enfin un nouvel article ! On n'y croyait plus...
    Très intéressant, d'ailleurs. Je ne connaissais pas Rebatet, mais apparemment il vaut le coup que l'on s'intéresse à lui. Une question toutefois : vous le dites collabo et ardent défenseur du nazisme... A-t-il collaboré autrement qu'en écrivant ? Simple curiosité, cela ne change rien à l'affaire.
    Bonne continuation !

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  3. @ Naturalibus
    Je vous accorde volontiers que Rebatet n'est pas encore un "classique" (titre qui pourra peut-être lui être donné le jour où "Les Deux Étendards" sortira en livre de poche ou sera au programme de je ne sais quel bac ou concours) mais il semble certain que ses œuvres sont beaucoup plus connues aujourd'hui qu'hier. Internet en est la première raison, qui a facilité l'accès à ses livres par les sites de ventes en ligne ou l'échange de fichiers pdf. Enfin, à peu près tous les libraires dignes de ce nom connaissent aujourd'hui Rebatet (au moins de réputation) à défaut de le conseiller vivement.
    Voilà pourquoi, avec les récentes éditions ou rééditions signalées, avec aussi l'apparition d'un curieux site tout entier dédié aux "études rebatiennes" (voir le lien en haut de l'article), son œuvre me semble sortir du purgatoire.

    @ Anonyme
    Rebatet n'a jamais collaboré autrement que par l'écrit (ni milicien, ni membre de la LVF). Mais la violence de ses articles fait de lui un collabo emblématique. Lorsqu'en septembre 1943, un schisme éclata à la rédaction de Je Suis Partout, il reprit avec Cousteau (le frère du bien connu commandant) la direction du journal tandis que des personnalités comme Brasillach préféraient l'abandonner. L'enjeu était le suivant : doit-on cacher au lecteur (a priori collabo) la chute imminente du nazisme ? Ceux qui considéraient de leur devoir de ne rien cacher préférèrent partir et s'investir dans d'autres revues plutôt que de continuer à nier l'évidence. Rebatet, on le voit, préféra jusqu'au bout soutenir le nazisme. Cela le mena sans surprise en Allemagne, avec un passage par Sigmaringen, avant d'être capturé le 8 mai 1945 par les Américains.
    Étant donné les dénonciations et les appels à la haine publiés dans Je Suis Partout, la condamnation à mort de Rebatet était à tout le moins méritée. Celle d'un Brasillach paraît plus contestable. Il fut, pour son malheur, jugé très tôt et conséquemment exécuté. Mais en gardant Rebatet plutôt que Brasillach, la littérature y a au moins gagné quelque chose…

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  4. Je me souviens d"avoir lu Les Épis mûrs il y a quelques années; une lecture que l'on m'a vivement reprochée. Mais cet article me réconcilie un peu avec Rebatet - littérairement parlant - et je pense que je vais m'y réintéresser car j'ai toujours pensé qu'il ne méritait pas sa peine en purgatoire. Il était un grand écrivain.

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  5. Merci pour cet article de fond, une question cependant. Rebatet, hormis son destin «maudit» et la pompeuse sentence mitterrandienne, mérite-t-il le titre de grand écrivain que vous semblez tenté de lui accorder ?

    Il n'est l'auteur que d'un seul livre qui semble valoir la peine (et encore, les commentaires parlent de longueurs) et a terminé dans le journalisme...

    Et son histoire de la musique ne penche pas non plus du côté de la littérature.

    Bref, tout ça pour dire qu’il m’apparaît comme un écrivain de seconde zone que l’histoire a bien voulu éclairer et qui sinon serait bien vite retombé dans l’oubli.

    Qu'en pensez vous ?

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  6. Bonjour,
    je viens de terminer les épis mûrs pour un exposé que je dois faire en classe. C'est vrai qu'il n'est pas absolument parfait, mais je l'ai trouvé vraiment génial. Je le recommande vraiment, c'est un livre très intéressant ! Moi je serais d'accord pour dire que c'est un grand écrivain; en plus il y a beaucoup de romanciers qui n'ont écrit qu'un seul livre, ce qui n'empêche pas de reconnaître leur talent.
    P.S. votre blog a l'air très intéressant; je reviendrai sûrement le lire.

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  7. @ Vernet
    Comme le remarque très justement le commentaire ci-dessus, il n'est pas besoin d'être auteur de beaucoup de livres pour devenir grand écrivain. Alain-Fournier n'a écrit que "Le Grand Meaulnes" et reste pourtant un "classique" comme Lermontov en Russie, auteur d'un unique roman. De même, si Céline était mort en 1934, il n'en resterait pas moins considéré comme un grand écrivain pour le "Voyage". Bref, tout cela pour dire que le nombre de livres ne fait évidemment pas l'écrivain.
    De la même façon, le fait que Rebatet ait été un journaliste durant l'essentiel de sa carrière n'a rien de dévalorisant. Henri Béraud ou Albert Londres, pour ne citer qu'eux, ont assez démontré la compatibilité de ce métier avec celui d'écrivain.
    À l'évidence, Rebatet n'était pas un écrivain comme l'on se l'imagine, tout entier consacré à son œuvre à la façon d'un Gide. Mais, passé sulfureux ou pas, son roman "Les Deux Étendards" est un chef d'œuvre qui n'a rien d'anecdotique. Ses quelques longueurs et défauts sont balayés par ses immenses qualités. Selon moi, ce seul roman vaut bien plus que les œuvres complètes de beaucoup de contemporains de Rebatet, Chardonne ou Montherlant par exemple, pour ne citer que deux auteurs de la même famille politique.

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  8. Il ne s'agit pas en effet d'écrire « beaucoup » de livres pour être un grand écrivain, ce n'était pas tout à fait mon propos.

    Vous prenez des exemples intéressants, mais pourquoi des auteurs tous morts assez jeunes ou vouloir faire mourir Céline en 34, ce n'est pas, il me semble, le cas de Rebatet.

    Qu'il ait mis du « talent » dans son principal livre, pourquoi pas (d'ailleurs, je vais m'empresser de le lire), ce qui en fait l'auteur un bon ou très bon livre même, mais toujours pas un grand écrivain, qui comme vous le dites bien en prenant l'exemple de Gide, se doit de se consacrer certes à son oeuvre, mais plus généralement à la littérature et pas au journalisme...

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  9. @ Vernet
    Votre conception du métier d'écrivain est un peu spéciale. Faut-il se consacrer uniquement à la littérature pour l'être ? Pour reprendre l'exemple de Céline, celui-ci se définissait comme médecin et de fait pratiqua son métier jusqu'à sa mort. N'est-il pas pour autant un grand écrivain ? De la même manière, Rebatet était journaliste, comme Béraud, Kessel et beaucoup d'autres à cette époque. À moins d'être rentier comme Proust ou Gide, à moins de faire fortune grâce à la vente de ses livres, il faut bien faire un métier pour vivre. Et celui de journaliste est, il me semble, l'un des moins éloignés de la littérature.

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  10. La figure de l'écrivain-journaliste est tout à fait honorable le 19e en témoigne suffisamment et vos exemples sont éloquents, et en effet, il n'est pas donné à tous d'être rentier, « il faut un métier pour vivre »... tout ça est bien vrai Monsieur Jude. Néanmoins, on a glissé dans le débat du « grand écrivain » au métier d'écrivain.

    Par ailleurs, libre à Céline de se définir comme médecin, et par respect nous ne dirons pas, que ses patients ont du parfois avoir quelques doutes à ce sujet tant la littérature fut sa principale préoccupation et ses diagnostiques hasardeux.

    Bref, il ne ressort pas (mais après tout, je vous pose la question) qu'en dehors de son « chef-d'oeuvre » Rebatet se soit occupé principalement de littérature ce qui, pour moi, est apanage des grands écrivains.
    Définition toute subjective, j'en conviens et peut-être que la lecture Les Deux Étendards me fera changer d'avis...

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  11. En effet, il me semble que votre définition du grand écrivain est assez subjective… Du reste, la notion de "grand écrivain" en général l'est tout autant.
    Cependant, avant de clore cette discussion, je tiens au moins à préciser que :
    1) Céline a toujours pris très au sérieux son métier de médecin et, à ma connaissance, n'a jamais été jugé mauvais médecin.
    2) Rebatet était bien passionné de littérature. Il est à noter d'ailleurs que ses lectures n'étaient absolument pas partisanes. Grand admirateur de Céline qu'il fréquenta notamment à Sigmaringen, il l'était tout autant d'un Proust, pourtant d'origine juive. Mais sa première influence reste surtout Gide à qui il rend hommage jusque dans "Les Décombres" et qu'il évoque dans "Les Deux Étendards" à plusieurs reprises lors des conversations littéraires entre ses personnages.

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  12. je trouve dégueulasse qu'on ose publié des billets élogieux à l'égart d'une vermine comme Rebatet. C'est un collabo, on devrait pas lire ses livres mais les brûler !

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    1. Si on ne devait publier que les braves types et non pas les ordures, il ne faudrait plus publier Sartre, Neruda, Aragon, Barthes, Sollers, qui ont tous été des collabos communistes ou maoïstes et rarement repentis...

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  13. Le jugement de Gide sur les décombres en février 43 est sans appel : "médiocre livre..." Par contre rien trouvé concernant les deux étendards...

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  14. @ anonyme 18;05
    Vous feriez un parfait inquisiteur.

    @ anonyme 18;51
    Pas tout a fait exact. Gide dit cela avant d`avoir lu les Decombres, en raison des prejuges relatifs a Rebatet. Il ne fait pas de jugements hostiles par la suite.

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  15. Cher LB, il est fort possible que nous n’ayons pas la même version du journal de Gide.
    Cependant, à des fins d’éclaircissement, je vous propose la mienne :

    « je lis tour à tour les provinciales, le port royal de Sainte Beuve (du moins les deux tomes qui concernent Pascal) Jude the obscure et les décombres de Rebatet que vient de me prêter Ragu. Pascal est pour le matin ; Hardy pour la promenade (j’ai repris ce gout de mon enfance de lire en marchant ; que, du reste, je n’ai presque jamais quitté, mais qui n’a jamais été aussi vif). Le médiocre livre de Rebatet pour n’importe quand ».

    Outre que ce géni de Gide sait lire en marchant et qu’en plus il lit plusieurs livres à la fois, il ne semble pas apprécié du tout Rebatet et pas par préjugé mais bien après l’avoir lu.

    Deux pages plus loin Gide a terminé Les décombres le jugement est très sévère tant sur style : « ce n’est pas bien écrire que de recourir toujours au mot le plus fort ; la passion s’émousse dans cet excès, du moins celle du lecteur » que sur le fond : « Si on laissait faire Rebatet, il ne resterait bientôt plus en France qu’une poignée de partisans forcenés menant la plèbe à coup de trique. »

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  16. @ Anonyme 18;51
    Je n'ai pas le Journal de Gide sous les yeux, mais je ne doute pas de l'originalité de vos extraits. Cependant, contrairement à ce que vous affirmez, rien n'est moins sûr que Gide ait déjà beaucoup lu "Les Décombres" quand il l'évoque ici (dont acte, il l'a au moins commencé). J'ajoute que comparés aux auteurs évoqués à ses côtés, Rebatet ne pouvait être que considéré comme "médiocre" par Gide ce qui correspond bien, comme je le disais, à des préjugés relatifs à l'engagement politique de Rebatet, à sa "qualité" de journaliste, enfin au succès scandaleux qu'il eut malgré tout.
    Quoi qu'il en soit, il est certain que le jugement final de Gide que vous rapportez n'a rien de "très sévère". "La passion s'émousse", dit-il. On lit bien pire de sa part pour d'autres auteurs, plus célèbres et moins contestés.
    Enfin, je ne peux qu'abonder dans le sens de la critique faite par Gide sur le fond, "Les Décombres" n'ayant rien de cohérent ni de rationnel politiquement. En revanche, c'est par ses jugements sur certains événements (la débâcle, la drôle de guerre) ou personnages (Maurras) que ce livre est important et passionnant. Puisque vous semblez à cheval sur la parole gidienne, vous auriez d'ailleurs pu citer l'extrait du Journal où, sauf erreur, Gide parle de son intérêt pour les pages des "Décombres" évoquant Maurras…

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  17. Rebatet est brillant dans le style, comme l'était Céline ou Drieu Le tort de Rebatet est d'avoir ( contairement à Céline ) écrit ses ouvrages antisémites avant ses deux brillants romans, Céline, lui avait déjà pas mal de succès avec son voyage au bout...lorsqu'il a écrit ses papmphlets

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