dimanche 19 septembre 2010

Au temps des duels

C’est bien connu, on trouve de tout sur internet. Ainsi, des films datant d’un siècle et montrant plusieurs duels à l’épée entre quelques personnalités de la Belle époque ont été mis en ligne sur Youtube voici quelques mois. Malgré l’interdiction du duel, il apparaît donc que les caméras étaient déjà là pour immortaliser ces glorieux moments de virilité.
Parmi la myriade de vidéos, on trouvera notamment de quoi s’amuser avec un duel opposant Charles Maurras au député Paul de Cassagnac (fils d’un grand duelliste du même nom). Le petit teigneux qui s’agite beaucoup pour rien n’est autre que l’illustre directeur de L’Action française. Son amateurisme en matière d’escrime fait plaisir à voir ; il est évidemment blessé.



En octobre 1912, Léon Blum, alors critique dramatique, se bat en duel avec l’écrivain Pierre Veber en raison d’un « dissentiment littéraire suivi de voies de fait ». Tout de noir vêtu, on admirera sa classe et sa vivacité dignes de Zoro. Il l’emporte après avoir blessé au bras son adversaire.




Les amateurs de ce sport dont Gaston Deferre fut l’un des derniers pratiquants consulteront avec profit ce lien.

K.

Image :  Léon Blum lors de son duel en octobre 1912 (source ici).
Blogger

5 commentaires:

  1. C'est amusant de les voir "en vrai". Ce n'est pas aussi glorieux que ce qu'on veut nous faire croire.

    RépondreSupprimer
  2. Étonnantes ces vidéos, on dirait du Chaplin. Se battre pour l'honneur et avoir l'air aussi ridicule, c'est un peu dommage. D'autant qu'un duel jusqu'au premier sang, il ne me semble pas que ça soit si dangereux....

    RépondreSupprimer
  3. Les vidéos avec Léon Daudet sont aussi très intéressantes. C'était un des principaux duellistes de cette époque, souvent pour des motifs bien futiles d'ailleurs…

    RépondreSupprimer
  4. LB cite pertinemment Léon Daudet, qui était féru de duels sans être particulèrement expert en la matière: il en perdait environ un sur deux!
    Mais comme dit BBC, les duels au premier sang ne sont pas aussi glorieux et périlleux qu'on l'imagine...
    Ci-dessous texte intéressant de Francis Bergeron (certes un peu long):

    Son premier duel se déroule au parc des Princes en 1902. Léon Daudet affronte un journaliste d’extrême gauche, Alfred Gérault-Richard. Les deux hommes ont eu des mots à propos de Jrean Jaurès. Il y a trois assauts. Au second assaut, Daudet a l’impression qu’il atouché son adversaire à l’aisselle. Mais le combat continue. A la troisième reprise, il est blessé à son tour, sans gravité. En fait, Gérault-Richard avait bien été touché lors de la seconde reprise, mais avait fait comme s’il n’en était rien, poursuivant le duel.

    Deux ans plus tard, Léon affronte un sénateur nommé Delpech. Il l’avait assassiné dans un article intitulé « Un caïman dans la coulisse ». Delpech lui envoie ses témoins. Lors de l’affrontement, Léon est touché : « une simple piqûre en haut du bras, qui n’empêche ni de courir ni d’écrire ».

    En 1910, le duc d’Orléans, dans une entrevue au Gaulois, recueillie par le journaliste Gaston de Maizière, désavoue certaines polémiques jugées excessives de l’Action française. Un peu plus tard, le duc d’Orléans expliquera que ses propos ont été mal rapportés. Du coup, Léon provoque en duel le journaliste du Gaulois. La rencontre a lieu en juin. Léon est légèrement blessé au poignet. La même année il se bat avec André Legrand et il est à nouveau blessé.

    En 1911, à l’occasion de chahuts des Camelots du Roi visant une pièce de Bernstein, Léon affronte le romancier Nadaud, qui se substitue à Bernstein. Le duel est bref : « Nadaud est très grand ; il tendait le bras et je le piquai à l’avant-bras ». Dans la foulée, Léon livre un second duel avec Georges Clarétie, le fils de Jules, qui est un ami de Bernstein. « Je dus faire poum poum avec des pistolets, puis m’aligner à l’épée ». En fait Léon touche Clarétie à al poitrine et le combat est arrêté.

    Enfin le 21 juillet de la même année, c’est avec Bernstein lui-même que Léon se bat. Il est touché au front et au biceps, tandis qe son adversaire est blessé à l’avant-bras.

    Le 23 novembre 1911, Léon se bat avec Henri Chervet. Il est blessé au coude. Au tout début de l’année 1912, il affronte Pierre Mortier, qu’il blesse légèrement.

    Le dernier duel de l’avant-guerre l’oppose, en 1914, à Paul Hervieu, un sous écrivain plus ou moins pacifiste. « Sa servilité croissante me dégoûtait. Je lui dis en termes crus ». Il s’ensuivit dons un échange de quatre balles au parc des Princes. Francois Broche note que cette attaque visait un écrivain « inoffensif », modèle de platitude académique ». L’adversaire n’était pas à la hauteur de Daudet. Mais Daudet, à 47 ans ne donnait aucun signe d’assagissement.

    « Je souhaite non qu’on se réconcilie, ce qui serait fade, mais qu’après de solides et brillantes batailles, on ait des pauses de conciliation où l’on boive ensemble, dans la poussière et dans la fumée, le vin de la griserie prochaine ». L. Daudet.

    RépondreSupprimer